toutes les frontieres de la maniere la
plus brillante et la plus heureuse. Dans la Belgique, on avait enfin pris
le parti d'entrer dans les quartiers d'hiver, malgre le projet du comite de
salut public, qui avait voulu profiter de la victoire de Watignies pour
envelopper l'ennemi entre l'Escaut et la Sambre. Ainsi, sur ce point, les
evenemens n'avaient pas change et les avantages de Watignies nous etaient
restes.
Sur le Rhin, la campagne s'etait beaucoup prolongee par la perte des lignes
de Wissembourg, forcees le 13 octobre (22 vendemiaire). Le comite de salut
public voulait les recouvrer a tout prix, et debloquer Landau, comme il
avait debloque Dunkerque et Maubeuge. L'etat de nos departemens du Rhin
etait une raison de se hater, et d'en eloigner l'ennemi. Le pays des Vosges
etait singulierement empreint de l'esprit feodal; les pretres et les nobles
y avaient conserve une grande influence; la langue francaise y etant peu
repandue, les nouvelles idees revolutionnaires n'y avaient presque pas
penetre; dans un grand nombre de communes, les decrets de la convention
etaient inconnus; plusieurs manquaient de comites revolutionnaires, et,
dans presque toutes, les emigres circulaient impunement. Les nobles de
l'Alsace avaient suivi l'armee de Wurmser en foule, et se repandaient
depuis Wissembourg jusqu'aux environs de Strasbourg. Dans cette derniere
ville, on avait forme le complot de livrer la place a Wurmser. Le comite de
salut public y envoya aussitot Lebas et Saint-Just, pour y exercer la
dictature ordinaire des commissaires de la convention. Il nomma le jeune
Hoche, qui s'etait si fort distingue au siege de Dunkerque, general de
l'armee de la Moselle; il detacha de l'armee oisive des Ardennes une forte
division, qui fut partagee entre les deux armees de la Moselle et du Rhin;
enfin il fit executer des levees en masse dans tous les departemens
environnans, et les dirigea sur Besancon. Ces nouvelles levees occuperent
les places fortes, et les garnisons furent portees en ligne. Saint-Just
deploya a Strasbourg tout ce qu'il avait d'energie et d'intelligence. Il
fit trembler les malintentionnes, livra a une commission ceux qu'on
soupconnait d'avoir voulu livrer Strasbourg, et les fit conduire a
l'echafaud. Il communiqua aux generaux et aux soldats une vigueur nouvelle,
il exigea chaque jour des attaques sur toute la ligne, afin d'exercer nos
jeunes conscrits. Aussi brave qu'impitoyable, il allait lui-meme au feu, et
partagea
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