s
escadres etaient au mouillage. Ils s'attacherent particulierement a rendre
inaccessible le fort de l'Eguillette, place a l'extremite du promontoire
qui ferme la rade interieure, ou petite rade. Ils en rendirent l'abord
tellement difficile, qu'on l'appelait dans l'armee, _le petit Gibraltar_.
Les Marseillais et tous les Provencaux qui s'etaient refugies dans Toulon,
s'employerent eux-memes aux ouvrages, et montrerent le plus grand zele.
Cependant l'union ne pouvait durer dans l'interieur de la place, car la
reaction contre la Montagne y avait fait renaitre toutes les factions. On y
etait republicain ou royaliste a tous les degres. Les coalises eux-memes
n'etaient pas d'accord. Les Espagnols etaient offenses de la superiorite
qu'affectaient les Anglais, et se defiaient de leurs intentions. L'amiral
Hood, profitant de cette desunion, dit que, puisqu'on ne pouvait
s'entendre, il fallait, pour le moment, ne proclamer aucune autorite. Il
empecha meme le depart d'une deputation que les Toulonnais voulaient
envoyer aupres du comte de Provence, pour engager ce prince a se rendre
dans leurs murs en qualite de regent. Des cet instant, on pouvait entrevoir
la conduite des Anglais, et sentir combien avaient ete aveugles et
coupables ceux qui avaient livre Toulon aux plus cruels ennemis de la
marine francaise.
Les republicains ne pouvaient pas esperer, avec leurs moyens actuels, de
reprendre Toulon. Les representans conseillaient meme de replier l'armee
au-dela de la Durance, et d'attendre la saison suivante. Cependant la prise
de Lyon ayant permis de disposer de nouvelles forces, on achemina vers
Toulon des troupes et du materiel. Le general Doppet, auquel on attribuait
la prise de Lyon, fut charge de remplacer Carteaux. Bientot Doppet lui-meme
fut remplace par Dugommier, qui etait beaucoup plus experimente, et fort
brave. Vingt-huit ou trente mille hommes furent reunis, et on donna
l'ordre d'achever le siege avant la fin de la campagne.
On commenca par serrer la place de pres, et par etablir des batteries
contre les forts. Le general Lapoype, detache de l'armee d'Italie, etait
toujours au levant, et le general en chef Dugommier au couchant, en avant
d'Ollioules. Ce dernier etait charge de la principale attaque. Le comite de
salut public avait fait rediger par le comite des fortifications un plan
d'attaque reguliere. Le general assembla un conseil de guerre pour discuter
le plan envoye de Paris. Ce plan etait fort bien concu, ma
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