aussi a s'etablir de la part des soldats
a l'egard des officiers. On disait qu'ils ne voulaient atteindre a l'Ocean
que pour s'embarquer, et abandonner les malheureux paysans arraches de leur
pays. Le conseil, dont l'autorite etait devenue tout a fait illusoire,
etait divise; les pretres s'y montraient mecontens des chefs militaires;
rien enfin n'eut ete plus facile que de detruire une pareille armee, si le
plus grand desordre de commandement n'avait regne chez les, republicains.
Les Vendeens etaient donc incapables de concevoir et d'executer un plan
quelconque. Ils avaient quitte la Loire depuis vingt-six jours; et, dans
un aussi long espace de temps, ils n'avaient rien fait du tout. Apres
beaucoup d'incertitudes, ils prirent enfin un parti. D'une part, on leur
disait que Rennes et Saint-Malo etaient gardes par des troupes
considerables; de l'autre, que Cherbourg etait fortement defendu du cote de
terre; ils se deciderent alors a assieger Granville, placee sur le bord de
l'Ocean, entre la pointe de Bretagne et celle de Normandie. Ce projet avait
surtout l'avantage de les rapprocher de la Normandie, qu'on leur depeignait
comme tres fertile et tres bien approvisionnee. En consequence ils
marcherent sur Fougeres. On avait reuni sur leur route quinze ou seize
mille hommes de levees en masse, qui se disperserent sans coup ferir. Les
Vendeens se porterent a Dol le 10 novembre, et le 12 sur Avranches.
Le 14 novembre (24 brumaire), ils se dirigerent vers Granville, en laissant
a Avranches une moitie de leur monde et tous leurs bagages. La garnison
ayant voulu faire une sortie, ils la repousserent, et se jeterent a sa
suite dans le faubourg qui precede le corps de la place. La garnison eut le
temps de rentrer et de refermer ses portes; mais le faubourg resta en leur
possession, et ils avaient ainsi de grandes facilites pour l'attaque. Ils
avancerent du faubourg jusqu'a des palissades qu'on venait de construire,
et sans chercher a les enlever, ils se bornerent a tirailler contre les
remparts, tandis qu'on leur repondait avec de la mitraille et des boulets.
En meme temps, ils placerent quelques pieces sur les hauteurs
environnantes, et tirerent inutilement sur la crete des murs et sur les
maisons de la ville. A la nuit, ils s'eparpillerent, et abandonnerent le
faubourg, ou le feu de la place ne leur laissait aucun repos. Ils allerent
chercher hors de la portee du canon des logemens, des vivres, et surtout du
feu, car il commenca
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