faibles, trop desunies, elles ne purent
se joindre, furent battues, et ramenees sur la grande chaine apres une
perte considerable. Ceci s'etait passe en octobre. En novembre, des orages,
peu ordinaires dans la saison, grossirent les torrens, interrompirent les
communications des divers camps espagnols entre eux, et les mirent dans le
plus grand peril.
C'etait le cas de se venger sur les Espagnols des revers qu'on avait
essuyes. Il ne leur restait que le pont de Ceret pour repasser le Tech, et
ils demeuraient inondes et affames sur la rive gauche a la merci des
Francais. Mais rien de ce qu'il fallait faire ne fut execute. Au general
Dagobert avait succede le general Turreau, a celui-ci le general Doppet.
L'armee etait desorganisee. On se battit mollement aux environs de Ceret,
on perdit meme le camp de Saint-Ferreol, et Ricardos echappa ainsi aux
dangers de sa position. Bientot il se vengea bien plus habilement du danger
ou il s'etait trouve, et fondit le 7 novembre (17 brumaire) sur une colonne
francaise, qui etait engagee a Ville-Longue, sur la rive droite du Tech,
entre le fleuve, la mer et les Pyrenees. Il defit cette colonne, forte de
dix mille hommes, et la jeta dans un tel desordre, qu'elle ne put se
rallier qu'a Argeles. Immediatement apres, Ricardos fit attaquer la
division Delatre a Collioure, s'empara de Collioure, de Port-Vendre et de
Saint-Elme, et nous rejeta entierement au-dela du Tech. La campagne se
trouva ainsi terminee vers les derniers jours de decembre. Les Espagnols
prirent leurs quartiers d'hiver sur les bords du Tech; les Francais
camperent autour de Perpignan, et sur les rives de la Tet. Nous avions
perdu un peu de territoire, mais moins qu'on ne devait le craindre apres
tant de desastres. C'etait du reste la seule frontiere ou la campagne ne se
fut pas terminee glorieusement pour les armes de la republique. Du cote des
Pyrenees Occidentales, on avait garde une defensive reciproque.
C'est dans la Vendee que de nouveaux et terribles combats avaient eu lieu,
avec un grand avantage pour la republique, mais avec un grand dommage pour
la France, qui ne voyait des deux cotes que des Francais s'egorgeant les
uns les autres.
Les Vendeens, battus a Cholet le 17 octobre (26 vendemiaire), s'etaient
jetes, comme on l'a vu, sur le bord de la Loire, au nombre de quatre-vingt
mille individus, hommes, femmes, enfans, vieillards. N'osant pas rentrer
dans leur pays occupe par les republicains, ne pouvant plus
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