general O'Hara,
etonne, crut que c'etaient ses propres soldats qui se trompaient, et
faisaient feu les uns sur les autres. Il s'avanca alors vers les
republicains pour s'en assurer, mais il fut blesse a la main, et pris dans
le boyau meme par un sergent. Au meme instant, Dugommier, qui avait fait
battre la generale au camp, ramenait ses soldats a l'attaque, et se portait
entre la batterie et la place. Les Anglais, menaces alors d'etre coupes, se
retirerent apres avoir perdu leur general, et sans avoir pu se delivrer de
cette dangereuse batterie.
Ce succes anima singulierement les assiegeans, et jeta beaucoup de
decouragement parmi les assieges. La defiance etait si grande chez ces
derniers, qu'ils disaient que le general O'Hara s'etait fait prendre pour
vendre Toulon aux republicains. Cependant les republicains, qui voulaient
conquerir la place et qui n'avaient pas les moyens de l'acheter, se
preparaient a l'attaque si perilleuse de l'Eguillette. Ils y avaient jete
deja un grand nombre de bombes, et tachaient d'en raser la defense avec des
pieces de 24. Le 18 decembre (28 frimaire), l'assaut fut resolu pour
minuit. Une attaque simultanee devait avoir lieu du cote du general Lapoype
sur le fort Faron. A minuit, et par un orage epouvantable, les republicains
s'ebranlent. Les soldats qui gardaient le fort se tenaient ordinairement en
arriere, pour se mettre a l'abri des bombes et des boulets. Les Francais
esperaient y arriver avant d'avoir ete apercus; mais au pied de la hauteur
ils trouvent des tirailleurs ennemis. Le combat s'engage. Au bruit de la
mousqueterie, la garnison du fort accourt sur les remparts et foudroie les
assaillans. Ceux-ci reculent et reviennent tour a tour. Un jeune capitaine
d'artillerie, nomme Muiron, profite des inegalites du terrain, et reussit a
gravir la hauteur, sans avoir perdu beaucoup de monde. Arrive au pied du
fort, il s'elance par une embrasure; les soldats le suivent, penetrent dans
la batterie, s'emparent des canons, et bientot du fort lui-meme.
Dans cette action, le general Dugommier, les representans Salicetti et
Robespierre jeune, le commandant d'artillerie Bonaparte, avaient ete
presens au feu, et avaient communique aux troupes le plus grand courage. Du
cote du general Lapoype, l'attaque ne fut pas moins heureuse, et une des
redoutes du fort Faron fut emportee.
Des que le fort l'Eguillette fut occupe, les republicains se haterent de
disposer les canons de maniere a foudroyer la
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