hommes qui ont le plus approche du bien, du beau, du grand, en un mot des
temples, des ceremonies et des saints. Il avait ici des temples, la Raison,
Marat, et Lepelletier. Il etait reuni, il adorait une puissance
mysterieuse, il celebrait deux hommes. Tous ses besoins etaient donc
satisfaits, et il n'y cedait pas autrement qu'il n'y cede toujours.
Si l'on considere le tableau de la France a cette epoque, on verra que
jamais plus de contraintes ne furent exercees a la fois sur cette partie
inerte et patiente de la population, sur laquelle se font les experiences
politiques. On n'osait plus emettre aucune opinion; on craignait de voir
ses amis ou ses parens, de peur d'etre compromis avec eux, et de perdre la
liberte et quelquefois la vie. Cent mille arrestations et quelques
centaines de condamnations rendaient la prison et l'echafaud toujours
presens a la pensee de vingt-cinq millions de Francais. On supportait des
impots considerables. Si on etait, d'apres une classification tout
arbitraire, range dans la classe des riches, on perdait pour cette annee,
une portion de son revenu. Quelquefois, sur une requisition d'un
representant ou d'un agent quelconque, il fallait donner ou sa recolte, ou
son mobilier le plus precieux, en or et en argent. On n'osait plus afficher
aucun luxe, ni se livrer a des plaisirs bruyans. On ne pouvait plus se
servir de la monnaie metallique; il fallait accepter ou donner un papier
deprecie, et avec lequel il etait difficile de se procurer les objets dont
on avait besoin. Il fallait, si on etait marchand, vendre a un prix fictif;
si on etait acheteur, se contenter de la plus mauvaise marchandise, parce
que la bonne fuyait le maximum et les assignats; quelquefois meme il
fallait s'en passer tout a fait, parce que la bonne et la mauvaise se
cachaient egalement. On n'avait plus qu'une seule espece de pain noir,
commun au riche et au pauvre, qu'il fallait se disputer a la porte des
boulangers, en faisant queue pendant plusieurs heures. Les noms des poids
et mesures, les noms des mois et des jours etaient changes; on n'avait plus
que trois dimanches au lieu de quatre; enfin, les femmes, les vieillards,
se voyaient prives des ceremonies du culte, auxquelles ils avaient assiste
toute leur vie. Jamais donc le pouvoir ne bouleversa plus violemment les
habitudes d'un peuple: menacer toutes les existences, decimer les fortunes,
regler obligatoirement le taux des echanges, renouveler les appellations
de toute
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