a tant soit peu d'egards envers le correct capitaine.
Se reposer, bon, tant que c'etait indispensable; mais nous n'etions pas
a Capoue et n'avions pas le loisir de nous y rendre; nous rougissions de
la reculade de Chateaudun, ordonnee sans que notre courage eut ete mis
a l'epreuve, et nous avions hate de regagner le terrain perdu. L'ordre
parti le 29 novembre du grand quartier general de Saint-Jean-la-Ruelle
fut donc bien accueilli. "Que vos troupes, avait ecrit le general
d'Aurelle au general de Sonis, se mettent demain en marche, pour se
diriger sur Coulmiers.... Le canon vous servira de guide."
De son cote, le general Chanzy, dont nous devions seconder les
efforts, avait pris soin d'envoyer un de ses aides de camp a
Saint-Laurent-des-Bois pour conferer avec notre commandant en chef.
Escorte seulement de deux cavaliers, cet officier, apres une chevauchee
nocturne en plein champ et a travers bois, parvint a Saint-Laurent avant
l'aube. Le general de Sonis etait installe dans une bicoque du village;
il dejeunait avec ses officiers d'ordonnance, en toute simplicite,
parait-il, quand le nouveau venu arriva jusqu'a lui. L'officier du 16e
corps lui exposa l'interet qu'il y avait a faire concourir le 17e a
l'action qui allait s'engager pour rouvrir la route de Paris. Quoiqu'il
parut tres fatigue, le general de Sonis se rejouit d'avoir enfin a agir.
Ses traits fins s'animerent au recit qu'il fit de son exploit de Brou,
et il declara que ses troupes, qu'il avait su si rondement mener,
sauraient marcher de nouveau.
En effet, le 30 novembre, le 17e corps rompit au petit jour. Il s'avanca
methodiquement en trois colonnes par des routes paralleles a peine
distantes d'un kilometre les unes des autres. L'artillerie et les
convois tenaient la chaussee, l'infanterie escortant a travers champs.
De forts pelotons de cavaliers eclairaient notre marche. Ils formaient
sur nos flancs comme un chapelet: suivant les accidents du terrain, ce
long cordon humain s'etirait plus ou moins, espacant ou rapprochant tour
a tour, sur la ligne brumeuse de l'horizon, les silhouettes qui souvent
se dressaient sur les etriers, la tete en eveil bien degagee de
l'immense manteau etendu du col de l'homme jusqu'a la croupe du cheval.
Un instant, ce rideau de vedettes s'elargit demesurement, s'eloigna
presque a perte de vue. Il se resserra ensuite au petit trot, ayant fait
reculer et s'evanouir quelques ombres rapides qui avaient ete entrevues
a trois kilom
|