FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   73   74   75   76   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90   91   92   93   94   95   96   97  
98   99   100   101   102   103   104   105   106   107   108   109   110   111   112   113   114   115   116   117   118   119   120   121   122   >>   >|  
u matin, pour venir promptement a votre secours; mais je marche avec des troupes fatiguees. Nous voila, nous sommes ici, mais je vous declare que, si vous avez besoin de nous aujourd'hui, il me sera bien difficile de vous satisfaire." Avec son esprit net et precis, le general Chanzy dut etre surpris de cet elan qui s'annihilait. Dans les graves circonstances qu'il traversait, il s'etait contente de repondre: "Je tacherai de me passer de vous". Nous, qui ignorions ces details, et qui, presque a la portee du canon, ne ressentions plus nos fatigues, nous etions impatients de marcher et fort surpris de n'en pas recevoir l'ordre. Cet ordre, je l'attendais personnellement comme une recompense. Il faut tout dire, ce recit ne pouvant avoir d'interet qu'a la condition d'etre sincere comme une confession. Le matin du 2 decembre 1870, j'ai subi une humiliation profonde: il m'a ete inflige des voies de fait, et j'ai essuye silencieusement l'outrage, et j'ai bu ma honte, par abnegation, par devoir, par amour pour mon pays. A l'aube, des distributions de vivres avaient ete annoncees. Comme toujours, elles furent assez longues; comme toujours representant la 18e compagnie du regiment, je fus servi le dernier, et, naturellement, regagnai le bivouac apres tous les autres fourriers. Le sous-lieutenant Houssine, l'ancien sous-officier a chevelure rouge et raide, m'accueillit en me reprochant ma lenteur. Quand, charge, pour venir en aide a mes hommes de corvee, je m'en souviens, d'une moitie de pain de sucre, je passai devant lui, il m'allongea dans le dos, sur le sac, un coup de canne, pour activer ma marche, comme il eut fait a une bete de somme. M'arretant, je vis rouge pendant une seconde. La voix du canon me sauva. Encourir le sort du caporal Tillot, quand j'allais pouvoir m'exposer pour la noble cause, non. Je haussai les epaules sans plus hater le pas, et le sous-lieutenant en fut pour une lachete qu'il n'eut point commise si M. Eynard avait ete la, car le capitaine rendait justice a tous. Quoi qu'il en soit, les tristes exemples qui nous avaient ete donnes, a Lorges et dans la foret de Blois, me furent ce jour-la salutaires. Ils m'enseignerent a ronger mon frein: mais j'aspirais a me battre, a affronter le feu ennemi, pour m'absoudre a mes propres yeux de l'ignominie acceptee sans protestation. Aussi, tandis que nous attendions en armes sur le terrain ou nous avions dormi, je m'efforcais de suivre des yeux, faute de pouv
PREV.   NEXT  
|<   73   74   75   76   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90   91   92   93   94   95   96   97  
98   99   100   101   102   103   104   105   106   107   108   109   110   111   112   113   114   115   116   117   118   119   120   121   122   >>   >|  



Top keywords:

furent

 

toujours

 

avaient

 

lieutenant

 

surpris

 

marche

 
exposer
 

arretant

 

pouvoir

 

activer


promptement
 

pendant

 

allais

 

Tillot

 

Encourir

 

seconde

 

caporal

 

lenteur

 
charge
 

hommes


reprochant

 
accueillit
 

officier

 

chevelure

 

corvee

 
souviens
 

secours

 
allongea
 

devant

 

moitie


passai

 

haussai

 

propres

 

absoudre

 

ignominie

 

acceptee

 

ennemi

 
ronger
 

aspirais

 

battre


affronter
 
protestation
 

efforcais

 
suivre
 
avions
 
tandis
 

attendions

 

terrain

 

enseignerent

 

commise