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l'une des voitures, sur une botte de paille, une jeune mere allaitait un enfant, aupres d'un aieul infirme. Plus loin, une grande fille tenait par la main ses deux tout jeunes freres; tantot elle leur souriait pour les encourager a marcher, et tantot leur montrait, pour les faire rougir de leur nonchalance, un homme qui, bien que plie en deux par le dur labeur de la terre, donnait courageusement l'exemple a toute cette malheureuse population. Ces pauvres gens ignoraient sans doute ou ils allaient; mais ils preferaient une vie errante et la misere, parmi les Francais, au bien-etre de leurs foyers envahis. Ce triste exode de tout un village ne nous attrista pas seulement, il nous humilia. A nous il appartenait de l'empecher, et nous y etions impuissants. Ces paysans ne nous temoignerent pourtant aucune rancune. Ils nous firent remarquer eux-memes, a 1500 metres, environ, des cavaliers qui apparaissaient et presque aussitot se retiraient. Nul doute que ce ne fussent les eclaireurs de l'armee allemande. Le convoi que nous avions mission de proteger avait pris de l'avance; il ne nous etait pas permis d'engager, sans absolue necessite, un combat ou nous n'aurions pas ete soutenus: le chef du detachement ordonna donc la retraite. Comme nous risquions de perdre le contact de l'armee, force nous fut d'accelerer le pas, de louvoyer autour des vehicules de toutes sortes, dans les chemins defonces courant a travers bois. L'encombrement des voitures, la precipitation de la marche, tout contribuait a semer parmi nous le desordre. Vers la fin du jour, quelle que fut la bonne volonte individuelle, il y eut une debacle generale, une complete demoralisation. Chacun allait a la derive, se tenant aussi longtemps que possible aupres des camarades qu'il reconnaissait. Mais la nuit acheva de nous desorienter et de nous disperser: je n'ai garde de ces penibles moments qu'un souvenir vague, trouble. La voix seule d'officiers passant a cheval me revient aux oreilles avec cet eternel refrain: "Pas de retardataires! Les Allemands glanent derriere nous!" Avec le sergent-major Harel, le caporal Daries et une dizaine d'hommes, nous formions encore un petit groupe, qui s'efforcait de ne plus s'egrener. Au petit jour nous sortimes enfin de la region des forets. La marche a travers bois est toujours lente, penible, incertaine. Chaque chemin qui s'ouvre fait naitre une hesitation nouvelle. Avec la nuit surtout, le rideau sombre qui borne imm
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