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t que nous attendrions toujours. L'attente, telle qu'elle nous etait imposee, etait particulierement cruelle. Le perpetuel sifflement des balles, dans l'obscurite naissante, avec la perspective d'une nuit de souffrance, sans secours et, qui plus est, sans vengeance, est intolerable. Nombre d'hommes qui, l'instant d'avant, riaient de leurs camarades du 51e, ne resisterent pas longtemps a l'envie de se garer un peu. Les uns s'assirent; d'autres s'allongerent meme par terre. S'il faut etre sincere, je fus tente de les imiter; mais le galon oblige; je me jurai de ne pas me baisser, tant qu'il y aurait un simple soldat debout. Je me tins parole et ne me courbai pas, bien qu'il tombat constamment de nouvelles victimes dans la masse du bataillon. De ce nombre fut Gouzy, atteint d'une balle au pied. Il se vit oblige de se laisser hisser sur l'un des cacolets qui, en louvoyant loin des endroits perilleux, faisaient la navette entre la ligne de bataille et les villages d'Ourcelles et de Josnes, ou etaient etablies des ambulances volantes. Nareval, comme les autres, essuyait le feu dignement, quoique avec un visible effort de courage. Par petite malice je lui demandai s'il craignait toujours de se laisser emballer vers le danger. Il haussa legerement les epaules. Non, l'epaulette ne fulgurait plus a ses yeux; le feu prochain des batteries en faisait palir l'eclat. Il regrettait le recoin modeste, paisible, qu'il avait abandonne sur le bateau ou travaillait son pere. Il ne s'en cacha pas; la realite lui apparaissait plus terrible qu'il ne se l'etait imaginee. Il etait decidement vaincu par ses pressentiments, et, chose singuliere, la preoccupation supreme de cet infortune, a peu pres oublie en ce monde de son vivant, fut qu'on se souvint de lui apres sa mort. "Ecoute, me dit-il, on ne sait ni qui vit ni qui meurt: donne-moi l'adresse de tes parents pour que je leur ecrive en cas de malheur. Voici celle des parents de mon pere, a moi; si je disparais, promets-moi de leur apprendre comment je suis mort." Et, a la lueur palissante du crepuscule, pendant que les dernieres decharges s'echangeaient au hasard dans l'ombre de l'eloignement, nous inscrivimes mutuellement sur nos calepins, en tatonnant, ces renseignements funebres. Cependant, croyant que Cernay avait ete perdu au moment du recul du 51e, le general en chef s'etait borne a en ordonner la reoccupation a tout prix, tandis que les deux autres bataillons du 48e, sortant de
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