e a de plus eblouissant." Arrivee au faite des grandeurs, Mme
de Maintenon eprouvait cette inquietude, cette fatigue, qui est presque
toujours la compagne de l'ambition meme satisfaite. Elle etait tentee de
dire avec La Bruyere:
"Les deux tiers de ma vie sont ecoules, pourquoi tant m'inquieter sur ce
qui m'en reste? La plus brillante fortune ne merite point le tourment que
je me donne. Trente annees detruiront ces colosses de puissance qu'on ne
voyait qu'a force de lever la tete; nous disparaitrons, moi qui suis si
peu de chose, et ceux que je contemplais si avidement, et de qui
j'esperais toute ma grandeur; le meilleur des biens, s'il y a des biens,
c'est le repos, la retraite, et un endroit qui soit son domaine."
Arrivee a une incroyable elevation, la femme du plus grand roi de la terre
regrettait la maison de Scarron,--c'est elle-meme qui l'a dit,--"comme la
cane regrette sa bourbe." Instruite par l'experience, elle constatait avec
La Fontaine:
Que la fortune vend ce qu'on croit qu'elle donne, et si son esprit,
fatigue du luxe, de l'illustration, de la puissance, se reportait aux
jours de la mediocrite, alors qu'elle n'avait ni marquisat de Maintenon,
ni appartement de plain-pied avec celui de Louis XIV, c'est qu'elle
possedait deux tresors bien autrement precieux, qui lui appartenaient dans
la demeure de Scarron, et qu'elle avait perdus dans le Versailles du
Roi-Soleil; deux tresors vraiment beaux, vraiment inestimables: la
Jeunesse et la Gaiete.
VII
L'APPARTEMENT DE MME DE MAINTENON
Si le temps est destructeur, l'homme est plus destructeur encore: _Tempus
edax homo edacior._ L'appartement de Mme de Maintenon a Versailles; cet
appartement celebre, ou, pendant trente annees, Louis XIV passa une grande
partie de ses journees et de ses soirees, n'est plus maintenant qu'un
petit musee, et, le croirait-on? on n'y voit que des tableaux de batailles
de la Revolution francaise. Pas un meuble du temps de Louis XIV, pas un
portrait de Mme de Maintenon, pas un souvenir, pas une inscription qui
rappelle l'illustre compagne du Grand Roi.
La pensee generale qui a preside a la restauration du palais pouvait
avoir, je n'en disconviens pas, une certaine grandeur au point de vue
patriotique; mais, sous le double rapport de l'art et de l'histoire, elle
etait absolument defectueuse.
Placer les fastes de la Revolution et de l'Empire dans le sanctuaire de la
Monarchie de droit divin, c'etait enlever toute sa ph
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