ttre une ceinture et des
jarretieres herissees de pointes de fer. Elle en vint a donner tout ce
qu'elle avait aux pauvres et travaillait pour eux plusieurs heures par
jour a des ouvrages grossiers.
A cote de son chateau, elle fonda un hospice dont elle etait plutot la
servante que la superieure; elle soignait les malades et pansait leurs
plaies. Comme le dit M. Pierre Clement dans la belle etude qu'il lui a
consacree, le scandale avait ete grand; mais, de la part d'une si
orgueilleuse nature, le repentir et l'humilite doublaient en quelque sorte
de valeur. Elle se resigna, sur l'ordre de son confesseur, a l'acte qui
lui coutait le plus: elle demanda pardon a son mari dans une lettre ou, se
servant des termes les plus humbles, elle lui offrait de retourner avec
lui, s'il daignait la recevoir, ou de se rendre dans telle residence qu'il
voudrait bien lui assigner. M. de Montespan ne repondit pas.
Saint-Simon pretend que Mme de Montespan, dans les dernieres annees de sa
vie, etait tellement tourmentee des affres de la mort, qu'elle payait
plusieurs femmes dont l'emploi unique etait de la veiller.
"Elle couchait, dit-il, tous ses rideaux ouverts, avec beaucoup de bougies
dans sa chambre, ses veilleuses autour d'elle, qu'a toutes les fois
qu'elle se reveillait elle voulait trouver causant, jouant ou mangeant,
pour se rassurer contre leur assoupissement."
J'ai peine a croire a l'exactitude d'une pareille assertion. Mme de
Montespan etait trop fiere pour montrer une telle pusillanimite. De l'aveu
meme de Saint-Simon, elle mourut avec courage et dignite.
Au mois de mai 1707, lorsqu'elle partit pour les eaux de Bourbon, elle
n'etait pas encore malade, et cependant elle avait le pressentiment d'une
fin prochaine. Dans cette prevision, elle paya deux ans d'avance toutes
les pensions qu'elle faisait et doubla ses aumones habituelles. A peine
arrivee a Bourbon, elle se coucha pour ne plus se relever. Quand elle fut
en face de la mort, elle la regarda sans la braver et sans la craindre.
"Mon Pere, dit-elle au capucin qui l'assistait a l'heure supreme,
exhortez-moi en ignorante, le plus simplement que vous pourrez."
Apres avoir appele autour d'elle tous ses domestiques, elle demanda pardon
des scandales qu'elle avait causes, et remercia Dieu de ce qu'il
permettait qu'elle mourut dans un lieu ou elle se trouvait eloignee de
tous, meme de ses enfants.
Quand elle eut rendu l'ame, son corps fut "l'apprentissage du chirurgien
|