avantage une condition dans laquelle on peut
s'amuser avec de bons amis sans embarras de grandeur et faire de son bien
l'usage qu'il vous plait[1]."
[Note 1: Lettre du 21 aout 1695.]
Comment la princesse Palatine parvenait-elle a se distraire de tant de
tracas et de soucis? En chassant et en ecrivant. La chasse, et plus encore
le style epistolaire, voila ses deux passions, ses deux manies. Depuis
1671, annee de son mariage, jusqu'a 1722, annee de sa mort, elle ne cessa
d'adresser lettres sur lettres aux membres de sa famille. Elle ecrivait le
lundi en Savoie, le mercredi a Modene, le jeudi et le dimanche en Hanovre.
Mais cette rage d'ecrire ne laissa pas que de lui etre fatale. Sa
correspondance, ouverte a la poste, fut remise a Mme de Maintenon.
Celle-ci montra a l'imprudente princesse une lettre toute remplie des
injures les plus violentes.
"On peut penser, dit Saint-Simon, si, a cet aspect et a cette lecture,
Madame pensa mourir sur l'heure. La voila a pleurer, et Mme de Maintenon a
lui representer modestement l'enormite de toutes les parties de cette
lettre, et en pays etranger. La meilleure excuse de Madame fut l'aveu de
ce qu'elle ne pouvait nier, des pardons, des repentirs, des prieres, des
promesses.... Mme de Maintenon triompha froidement d'elle assez longtemps,
la laissant s'engouer de parler, de pleurer et de lui prendre les mains.
C'etait une terrible humiliation pour une si rogue et si fiere
Allemande."
Il n'en faudrait pas davantage pour expliquer la haine de la princesse
Palatine contre celle a qui elle appliquait, dans sa fureur, le vieux
proverbe germanique: "Ou le diable ne peut aller, il envoie une vieille
femme."
Devenue veuve en 1701, Madame se calma.
"Point de couvent, avait-elle dit le lendemain de la mort de Monsieur,
qu'on ne me parle point de couvent!"
Heureuse de rester a la cour, malgre tout le mal qu'elle en pensait, elle
s'adoucit envers Mme de Maintenon, au point d'ecrire en 1712: "Bien que la
vieille soit notre plus cruelle ennemie, je lui souhaite cependant une
longue vie; car tout irait encore dix fois plus mal, si le roi venait a
mourir maintenant. Il a tant aime cette femme, qu'il ne lui survivrait
certainement pas; aussi je souhaite qu'elle vive encore de longues
annees."
Madame finit ses jours en bonne chretienne, et Massillon, dans une belle
oraison funebre, rendit un juste hommage au courage qu'elle montra dans
ses dernieres souffrances. A ceux qui entouraient so
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