de pareilles conversions: l'etat
de ceux qui abjurent sans etre veritablement catholiques est infame." On
lit dans les _Notes des Dames de Saint-Cyr_: "Mme de Maintenon, en
desirant de tout son coeur la reunion des huguenots a l'Eglise, aurait
voulu que ce fut plutot par la voie de la persuasion et de la douceur que
par la rigueur; et elle nous a dit que le roi, qui avait beaucoup de zele,
aurait voulu la voir plus animee qu'elle ne lui paraissait, et lui disait,
a cause de cela: "Je crains, madame, que le menagement que vous voudriez
que l'on eut pour les huguenots ne vienne de quelque reste de prevention
pour votre ancienne religion."
Fenelon lui-meme, represente comme l'apotre de la tolerance, approuvait en
principe la revocation de l'edit de Nantes:
"Si nul souverain, disait-il, ne peut exiger la croyance interieure de ses
sujets sur la religion, il peut empecher l'exercice public ou la
profession d'opinions ou ceremonies qui troubleraient la paix de la
republique par la diversite et la multiplicite des sectes."
Tel est egalement l'avis de Mme de Maintenon; mais les ecrivains
protestants eux-memes ont reconnu qu'elle blamait l'emploi de la force.
L'historien des refugies francais dans le Brandebourg le dit:
"Rendons-lui justice, elle ne conseilla jamais les moyens violents dont on
usa; elle abhorrait les persecutions, et on lui cachait celles qu'on se
permettait."
Les conseils de Mme de Maintenon ne furent pas etrangers a la declaration
du 13 decembre 1698, qui, tout en maintenant la revocation de l'edit de
Nantes, fonda une tolerance de fait qui dura jusqu'a la fin du regne.
Gardons-nous, au surplus, de tomber dans l'erreur grossiere de ceux qui
voient dans le catholicisme la servitude, dans le protestantisme la
tolerance. Luther prechait l'extermination des anabaptistes. Calvin
faisait supplicier pour heresie Michel Servet, Jacques Brunet, Valentin
Gentilis. Les rigueurs de Louis XIV contre les protestants n'egalent pas
celles de Guillaume d'Orange connue les catholiques. Les lois anglaises
etaient d'une severite draconienne; tout pretre catholique residant en
Angleterre qui, avant trois jours, n'avait pas embrasse le culte anglican,
etait passible de la peine de mort. Et l'on voudrait aujourd'hui nous
faire croire que, dans la lutte de Louis XIV et de Guillaume, le prince
protestant representait le principe de la tolerance religieuse!
En resume, qu'il s'agisse soit de la revocation de l'edit de Nantes
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