onduisit regulierement a Saint-Cyr, deux ou trois fois la
semaine, pour y passer des journees entieres et y suivre les cours de la
classe des _rouges_. Il n'y avait plus d'etiquette. Marie-Adelaide portait
le meme habit que les eleves et se faisait appeler Mlle de Lastic.
"Elle etait bonne, affable, gracieuse a tout le monde, s'occupant avec les
dames des differents offices, avec les demoiselles de tous leurs ouvrages,
de tous leurs travaux; s'assujettissant avec candeur aux pratiques de la
maison, meme au silence; courant et se recreant avec les _rouges_ dans les
grandes allees du jardin; allant avec elles au choeur, a confesse, au
catechisme.... D'autres fois, elle prenait le costume des dames, et
faisait les honneurs de la maison a quelque illustre visiteuse,
principalement a la reine d'Angleterre[1]."
[Note 1: _Memoires des Dames de Saint-Cyr._]
Louis XIV, charme de la princesse, decida qu'elle se marierait le jour
meme ou elle aurait douze ans. Elle epousa, le 7 decembre 1697, Louis de
France, duc de Bourgogne, qui avait quinze ans et demi. Le fiance etait en
manteau noir brode d'or, pourpoint blanc a boutons de diamant; le manteau
etait double de satin rose. La fiancee avait une robe et une jupe de
dessous en drap d'argent avec bordure de pierres precieuses. Les diamants
qu'elle portait etaient ceux de la couronne. La benediction nuptiale fut
donnee aux jeunes epoux par le cardinal de Coislin, dans la chapelle de
Versailles. Apres la messe, il y eut un grand festin de la maison royale
dans la piece designee sous le nom d'antichambre de l'appartement de la
reine[1].
[Note 1: Salle no 119 de la _Notice du Musee_.]
Le soir, la cour assista, dans le salon de la Paix[2], a un feu d'artifice
tire au bout de la piece d'eau des Suisses, puis a un souper servi, comme
le festin du jour, dans l'antichambre de l'appartement de la reine.
[Note 2: Salle no 114 de la _Notice_.]
Le 11 decembre, il y eut un grand bal dans la galerie des Glaces. Des
pyramides de bougies rayonnaient plus encore que les lustres et les
girandoles. Louis XIV avait dit qu'il serait bien aise que la cour
deployat un grand luxe, et lui-meme, qui depuis longtemps ne portait plus
que des habits fort simples, en avait endosse de superbes. Ce fut a qui se
surpasserait en richesse et en invention. L'or et l'argent suffirent a
peine. Le roi, qui avait encourage toutes ces depenses, n'en dit pas moins
qu'il ne comprenait pas comment on trouvait des
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