uis XIV sur "ce fanfaron de vices".
Lorsqu'il voulut epouser une des filles de Mme de Montespan, la princesse
Palatine se serait emportee contre lui au point de lui donner, en pleine
galerie de Versailles, ce vigoureux, ce sonore soufflet qui retentit si
bien dans les Memoires de Saint-Simon[1]. "Outre son mariage,
ecrivait-elle en 1700, mon fils m'a cause encore bien du chagrin.... Ce
que je trouve de pire dans sa conduite, c'est que je suis la seule qui ne
puisse avoir son amitie; car autrement il est bon envers tout le monde. Je
n'ai cependant perdu son amitie que pour lui avoir donne toujours des
conseils dans son interet. Maintenant j'en ai pris mon parti, je ne lui
dis plus rien, et je lui parle, comme au premier venu, de choses
indifferentes; mais c'est quelque chose de bien penible que de ne pouvoir
ouvrir son coeur a ceux qu'on aime."
[Note 1: "Elle marchait a grands pas, son mouchoir a la main, pleurant
sans contrainte, parlant assez haut, gesticulant et representant assez
bien Ceres apres l'enlevement de Proserpine.... On alla attendre a
l'ordinaire la levee du Conseil dans la galerie et la messe du roi; Madame
y vint, son fils s'approcha d'elle comme il faisait tous les jours pour
lui baiser la main. En ce moment Madame lui appliqua un soufflet si
sonore, qu'il fut entendu de quelques pas, et qui, en presence de toute la
cour, couvrit de confusion ce pauvre prince et combla les infinis
spectateurs, dont j'etais, d'un prodigieux etonnement." (Saint-Simon,
_Memoires_.) Notons en passant que Madame, dans une lettre a la Rhingrave
Louise, dit qu'on a fait courir le bruit qu'elle avait soufflete son fils,
mais que cela est absolument faux.]
Tourmentee dans son interieur, exasperee contre les favoris de son mari,
attristee comme epouse, comme mere, comme Allemande, Madame se souciait
peu des splendeurs de Versailles et de Saint-Cloud, ou l'existence etait
pour elle un melange de luxe et de misere.
"J'attacherais certes, disait-elle, beaucoup de prix a la grandeur, si
l'on avait aussi tout ce qui doit l'accompagner, c'est-a-dire de l'or en
abondance pour etre magnifique, et le pouvoir de faire du bien aux bons
et de punir les mechants, mais n'avoir de la grandeur que le nom sans
l'argent, etre reduit au plus strict necessaire, vivre dans une
perpetuelle contrainte, sans qu'il vous soit possible d'avoir aucune
societe, cela me semble, a vrai dire, parfaitement insipide, et je n'y
tiens pas du tout. J'estime d
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