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"Je voudrais bien, ajouta-t-il, que sa pauvre mere put etre ici quelques
instants pour etre temoin de la joie que nous avons."
Il ecrivit ensuite a Mme de Maintenon:
"Elle m'a laisse parler le premier, et apres elle m'a fort bien repondu,
mais avec un petit embarras qui vous aurait plu. Je l'ai menee dans sa
chambre a travers la foule, la laissant voir de temps en temps, en
approchant les flambeaux de son visage. Elle a soutenu cette marche et ces
lumieres avec grace et modestie. Elle a la meilleure grace et la plus
belle taille que j'aie jamais vue, habillee a peindre et coiffee de meme,
des yeux tres vifs et tres beaux, des paupieres noires et admirables, le
teint fort uni, blanc et rouge comme on peut le desirer, les plus beaux
cheveux blonds que l'on puisse voir, et en grande quantite.... Elle n'a
manque a rien, et s'est conduite comme vous pourriez faire."
Marie-Adelaide etait, par sa mere, la petite-fille de cette belle
Henriette d'Angleterre dont l'oraison funebre de Bossuet a immortalise la
vie et la mort. Elle allait faire revivre le charme de cette princesse
tant regrettee, et sa presence a Versailles y ramenait l'entrain et la
joie des beaux jours. On l'installa, des son arrivee, dans la chambre
autrefois occupee par la reine, puis par la dauphine de Baviere[1].
[Note: Salle no 115 de la _Notice du Musee de Versailles_.]
Le roi lui fit present de la belle menagerie de Versailles qui faisait
face au palais de Trianon. Aucun grand-pere n'etait plus tendre, plus
affectueux pour sa petite-fille. Il s'ingeniait a lui trouver des
amusements et des recreations. Madame (la princesse Palatine) ecrivait, le
8 novembre 1696: "Tout le monde maintenant redevient enfant. La princesse
d'Harcourt et Mme de Pontchartrain ont joue avant-hier a colin-maillard
avec la princesse et monsieur le dauphin; Monsieur, la princesse de Conti,
Mme de Ventadour, mes deux autres dames et moi, nous y avons joue hier."
Mme de Maintenon fut naturellement chargee d'achever l'education de la
jeune princesse. La premiere fois qu'elle la mena a Saint-Cyr, elle la fit
recevoir avec un grand ceremonial: la superieure la complimenta; la
communaute, en longs manteaux, l'attendait a la porte de cloture; toutes
les demoiselles etaient rangees en haie sur son passage jusqu'a l'eglise;
des petites filles de son age lui reciterent un dialogue assaisonne de
louanges delicates. La princesse ravie demanda a revenir. Alors Mme de
Maintenon la c
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