s femmes. Ses sensations se poussent avec une violente vivacite
dans des sens divers. Ses mouvements sont brusques, et preteraient
parfois au ridicule sans sa parfaite education. Il est bilieux.
--A la campagne, me dit-il, fumant ma pipe en plein air, fouaillant mes
chiens et criant apres eux, des les six heures du matin, je jouis, je
respire a l'aise.
Cabanis observe, en effet, que l'abondance de bile met une chaleur acre
dans tous le corps, en sorte que le bilieux trouve le bien-etre
seulement dans de grands mouvements qui emploient toutes ses forces. Ce
medecin philosophe ajoute que, chez les hommes de ce temperament,
l'_activite du coeur_ est excessive et exigeante.
--J'entends bien, me repond en souriant Simon; mes journees ne sont
heureuses qu'en province, mes nuits ne sont agreables qu'a Paris....
Cette ville toutefois diminue ma force musculaire. Des occupations
sedentaires, l'exercice exclusif des organes internes entrainent des
desordres hypocondriaques et nerveux. Oh! la facheuse contraction de mon
systeme epigastrique! Ma circulation s'alanguit jusqu'a faire hesiter ma
vie. Je perds cette conscience de ma force que donnent toujours une
chaleur active et un mouvement regulier du cerveau, et qui est si
necessaire pour venir a bout des obstacles de la vie active. C'est ainsi
que tu me vis indifferent aux ambitions, que tu poursuivais tout au
moins par saccade.
--Eh! lui dis-je, crois-tu que je ne les ai pas connues, au milieu de
mes plus belles energies, ces hesitations et ces reserves! Toi, Simon,
bilio-nerveux, tu meles une incertitude apre a cette multiple energie
cerebrale qui nait de ton etat nerveux. Cette complexite est le point
extreme ou tu atteins sous l'action de Paris, mais elle fut ma premiere
etape. Je suis ne tel que cette ville te fait. Chez moi, d'une activite
musculaire toujours nulle, le systeme cerebral et nerveux a tout
accapare. Dans ce defaut d'equilibre, les organes inegalement vivifies
se sont alteres, la sensibilite alla se denaturant. C'est l'estomac qui
partit le premier. J'offre un phenomene bien connu des philosophes de la
medecine et des directeurs de conscience: je passe par des alternatives
incessantes de langueur et d'exaltation. C'est ainsi que je fus pousse a
cette serie d'experiences, ou je veux me creer une exaltation continue
et proscrire a jamais les abattements. Dans ma defaillance que rend
extreme l'impuissance de mes muscles, parfois une excitation passagere
me
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