s ou nous
placons nos facultes, nous verrions aussitot nos desirs (qui ne sont que
les besoins de nos facultes) changer au point que notre ame en paraitra
transformee. Et pour nous creer ces milieux, il ne s'agit pas d'user de
raisonnements, mais d'une methode mecanique; nous nous envelopperons
d'images appropriees et d'un effet puissant, nous les interposerons
entre notre ame et le monde exterieur si nefaste. Bientot, surs de notre
procede, nous pousserons avec clairvoyance nos emotions d'exces en
exces; nous connaitrons toutes les convictions, toutes les passions et
jusqu'aux plus hautes exaltations qu'il soit donne d'aborder a l'esprit
humain, dont nous sommes, des aujourd'hui, une des plus elegantes
reductions que je sache.
* * * * *
Les ordres religieux ont cree une hygiene de l'ame qui se propose
d'aimer parfaitement Dieu; une hygiene analogue nous avancera dans
l'adoration du _Moi_. C'est ici, a Saint-Germain, un institut pour le
developpement et la possession de toutes nos facultes de sentir; c'est
ici un laboratoire de l'enthousiasme. Et non moins energiquement que
firent les grands saints du christianisme, proscrivons le peche, le
peche qui est la tiedeur, le gris, le manque de fievre, le peche,
c'est-a-dire tout ce qui contrarie l'amour.
L'homme ideal resumerait en soi l'univers; c'est un programme d'amour
que je veux realiser. Je convoque tous les violents mouvements dont
peuvent etre enerves les hommes; je paraitrai devant moi-meme comme la
somme sans cesse croissante des sensations. Afin que je sois distrait de
ma sterilite et flatte dans mon orgueil, nulle fievre ne me demeurera
inconnue, et nulle ne me fixera.
C'est alors, Simon, que, nous tenant en main comme un partisan tient son
cheval et son fusil, nous dirons avec orgueil: "Je suis un homme libre."
* * * * *
CHAPITRE IV
EXAMENS DE CONSCIENCE
J'ai ferme la porte de ma cellule, et mon coeur, encore trouble des
nausees que lui donnait le siecle, cherche avec agitation....
Connaitre l'esprit de l'univers, entasser l'emotion de tant de sciences,
etre secoue par ce qu'il y a d'immortel dans les choses, cette passion
m'enfievre, tandis que sonnent les heures de nuit... Je me couchai avec
le desespoir de couper mon ardeur; je me suis leve ce matin avec un
bourdonnement de joie dans le cerveau, parce que je vois des jours de
tranquillite etendus devant moi. Ma poitrine, m
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