ceux qui avaient
souffert ou garde le silence pendant la terreur, et qui pensaient que le
moment etait venu de se reveiller et de diriger a leur tour la marche de la
revolution. On vient de voir, au sujet des elargissemens, les parens des
detenus ou des victimes reparaitre dans les sections, et s'y agiter, soit
pour faire ouvrir les prisons, soit pour denoncer et poursuivre les comites
revolutionnaires. La marche nouvelle de la convention, les reformes
commencees, augmenterent les esperances et le courage de ces premiers
opposans. Ils appartenaient a toutes les classes qui avaient ete opprimees,
quel que fut leur rang, mais surtout au commerce, a la bourgeoisie, a ce
tiers-etat laborieux, opulent et modere, qui, monarchique et
constitutionnel avec les constituans, republicain avec les girondins,
s'etait efface des le 31 mai, et avait ete expose a des persecutions de
tout genre. Dans ses rangs se cachaient maintenant les restes fort rares
d'une noblesse qui n'osait pas encore se plaindre de son abaissement, mais
qui se plaignait de la violation des droits de l'humanite a son egard, et
quelques partisans de la royaute, creatures ou agens de l'ancienne cour,
qui n'avaient cesse de susciter des obstacles a la revolution, en se jetant
dans toutes les oppositions naissantes, quel qu'en fut le systeme et le
caractere. C'etaient, comme d'usage, les jeunes gens de ces differentes
classes qui se prononcaient avec le plus de vivacite et d'energie, car
c'est toujours la jeunesse qui est la premiere a se soulever contre un
regime oppresseur. Ils remplissaient les sections, le Palais-Royal, les
lieux publics, et manifestaient leur opinion contre ce que l'on appelait
les terroristes, de la maniere la plus energique. Ils donnaient les plus
nobles motifs. Les uns avaient vu leurs familles persecutees, les autres
craignaient de les voir persecuter un jour, si le regime de la terreur
etait retabli, et ils juraient de s'y opposer de toutes leurs forces. Mais
le secret de l'opposition, de beaucoup d'entre eux etait dans la
requisition; les uns s'y etaient soustraits en se cachant, quelques autres
venaient de quitter les armees en apprenant le 9 thermidor. A eux se
joignaient les ecrivains, persecutes pendant les derniers temps, et
toujours aussi prompts que les jeunes gens a se ranger dans toutes les
oppositions; ils remplissaient deja les journaux et les brochures de
diatribes violentes contre le regime de la terreur.
Les deux partis se p
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