rononcerent de la maniere la plus vive et la plus
opposee, sur les modifications apportees par la convention au regime
revolutionnaire. Les jacobins et les clubistes crierent a l'aristocratie;
ils se plaignirent du comite de surete generale qui elargissait les
contre-revolutionnaires, et de la presse dont on faisait deja un usage
cruel contre ceux qui avaient sauve la France. La mesure qui les blessait
le plus, etait l'epuration generale de toutes les autorites. Ils n'osaient
pas precisement s'elever contre le renouvellement des individus, car c'eut
ete avouer des motifs trop personnels, mais ils s'elevaient contre le mode
de reelection; ils soutenaient qu'il fallait rendre au peuple le droit
d'elire ses magistrats; que faire nommer par les deputes en mission les
membres des municipalites, des districts, des comites revolutionnaires,
c'etait commettre une usurpation; que reduire les sections a une seance par
decade, c'etait violer le droit qu'avaient les citoyens de s'assembler pour
deliberer sur la chose publique. Ces plaintes etaient en contradiction avec
le principe du gouvernement revolutionnaire, qui interdisait toute election
jusqu'a la paix; mais les partis ne craignent pas les contradictions, quand
leur interet est compromis: les revolutionnaires savaient qu'une election
populaire les aurait ramenes a leurs postes.
Les bourgeois dans les sections, les jeunes gens au Palais-Royal et dans
les lieux publics, les ecrivains dans les journaux, demandaient avec
vehemence l'usage illimite de la presse, se plaignaient de voir encore dans
les comites actuels et dans les administrations trop d'agens de la
precedente dictature; ils osaient deja faire des petitions contre les
representans qui avaient rempli certaines missions; ils meconnaisaient tous
les services rendus, et commencaient a diffamer la convention elle-meme.
Tallien qui, en sa qualite de principal thermidorien, se regardait comme
particulierement responsable de la marche nouvelle imprimee aux choses,
aurait voulu qu'on determinat cette marche avec vigueur, sans flechir dans
un sens ni dans un autre. Dans un discours rempli de distinctions subtiles
entre la terreur et le gouvernement revolutionnaire, et dont le sens
general etait que, sans employer une cruaute systematique, il fallait
conserver neanmoins une energie suffisante, Tallien proposa de declarer que
le gouvernement revolutionnaire etait maintenu, que par consequent les
assemblees primaires ne devaient p
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