e nuit, au poste assigne
par leurs devoirs. La societe fut bientot recomposee comme elle l'etait
auparavant, et remplie de tous les individus qui, devoues a Robespierre, a
Saint-Just et Couthon, les regrettaient comme des martyrs de la liberte, et
des victimes de la contre-revolution. A cote de la societe-mere existait
encore ce fameux club electoral, vers lequel se retiraient ceux qui avaient
a faire des propositions qu'on ne pouvait entendre aux Jacobins, et ou
s'etaient tramees les plus grandes journees de la revolution. Il siegeait
toujours a l'Eveche, et se composait des anciens cordeliers, des jacobins
les plus determines, et des hommes les plus compromis pendant la terreur.
Les jacobins et ce club devaient naturellement devenir l'asile de ces
employes que la nouvelle epuration allait chasser de leurs places. C'est ce
qui ne manqua pas d'arriver. Les jures et juges du tribunal
revolutionnaire, les membres des quarante-huit comites, au nombre de quatre
cents environ, les agens de la police secrete de Saint-Just et de
Robespierre, les porteurs d'ordres des comites, qui formaient la bande du
fameux Heron, les commis de differentes administrations, les employes en un
mot de toute espece, exclus des fonctions qu'ils avaient exercees, se
reunirent aux jacobins et au club electoral, soit qu'ils en fussent deja
membres, soit qu'ils se fissent recevoir pour la premiere fois. Ils
allaient exhaler la leurs plaintes et leurs ressentimens. Ils etaient
inquiets pour leur surete, et craignaient les vengeances de ceux qu'ils
avaient persecutes; ils regrettaient en outre des fonctions lucratives,
ceux-la surtout qui, membres des comites revolutionnaires, avaient pu
joindre a leurs appointemens des dilapidations de toute espece. La reunion
de ces hommes composait un parti violent, opiniatre, qui a l'ardeur
naturelle de ses opinions joignait aujourd'hui l'irritation de l'interet
lese. Ce qui se passait a Paris avait lieu de meme par toute la France. Les
membres des municipalites, des comites revolutionnaires, des directoires de
district, se reunissaient dans les societes affiliees a la societe-mere, et
venaient y mettre en commun leurs craintes et leurs haines. Ils avaient
pour eux le bas peuple destitue aussi de ses fonctions, depuis qu'il ne
recevait plus quarante sous pour assister aux assemblees de section.
En haine de ce parti, et pour le combattre, s'en formait un autre, qui ne
faisait d'ailleurs que revivre. Il comprenait tous
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