; d'autres memes allaient jusqu'a dire que Tallien, imitant
l'exemple de Grangeneuve avant le 10 aout, s'etait fait blesser a l'epaule
pour en accuser les jacobins, et avoir l'occasion de demander leur
dissolution. Legendre, Merlin (de Thionville) et autres amis de Tallien,
s'elancerent a la tribune avec vehemence, et soutinrent que le crime de la
veille etait l'oeuvre des jacobins. Tallien, dirent-ils, n'a pas abandonne
la cause de la revolution; cependant des furieux pretendent qu'il a passe
aux moderes et aux aristocrates. Ce ne sont donc pas ceux-ci qui peuvent
avoir eu l'idee de le frapper, ce ne peuvent etre que les furieux qui
l'accusent, c'est-a-dire les jacobins. Merlin denonca leur derniere seance,
et cita un mot de Duhem: _Les crapauds du Marais levent la tete, tant
mieux, elle sera plus facile a couper_. Merlin demanda, avec sa hardiesse
accoutumee, la dissolution de cette societe celebre, qui avait rendu,
dit-il, les plus grands services, qui avait contribue puissamment a abattre
le trone, mais qui, n'ayant plus de trone a renverser, voulait renverser
aujourd'hui la convention elle-meme. On n'admit point les conclusions de
Merlin; mais, comme a l'ordinaire, on renvoya les faits aux comites
competens, pour faire un rapport. Deja on avait fait, sur toutes les
questions qui divisaient les deux partis, des renvois de ce genre. On avait
demande des rapports sur la question de la presse, sur les assignats, sur
le _maximum_, sur les requisitions, sur les entraves du commerce, et enfin
sur tout ce qui etait devenu un sujet de controverse et de division. On
voulut alors que tous ces rapports fussent confondus en un seul, et on
chargea le comite de salut public de presenter un rapport general sur
l'etat actuel de la republique. La redaction en fut confiee a Robert
Lindet, le membre le plus instruit de l'etat des choses, parce qu'il
appartenait aux anciens comites, et le plus desinteresse dans ces
questions, parce qu'il avait ete exclusivement occupe a servir son pays, en
se chargeant du travail enorme des subsistances et des transports. Le jour
ou il devait etre entendu fut fixe a la quatrieme sans-culottide de l'an II
(20 septembre 1794).
On attendait avec impatience son rapport et les decrets qu'il amenerait, et
on continuait dans l'intervalle a s'agiter. C'etait au jardin du
Palais-Royal que se reunissait la jeunesse coalisee contre les jacobins.
La, elle lisait les journaux et les brochures, qui paraissaient en gr
|