ce prix celui des transports; mais
cette loi etait devenue injuste a son tour. La matiere premiere, la
main-d'oeuvre, ayant subi le rencherissement general, les manufacturiers
n'avaient plus trouve le moyen de faire leurs frais, et avaient cesse leurs
travaux. Il en etait de meme des commercans. Le fret pour les marchandises
de l'Inde etait monte, par exemple, de 100 francs le tonneau a 400; les
assurances de 5 et 6 pour cent a 50 et 60. Les commercans ne pouvaient donc
plus vendre les produits rendus dans les ports au prix fixe par le
_maximum_; et ils interrompaient aussi leurs expeditions. Comme nous
l'avons fait remarquer ailleurs, en forcant un prix, il aurait fallu les
forcer tous; mais c'etait impossible.
Le temps avait devoile encore d'autres inconveniens particuliers au
_maximum_. Le prix des bles avait ete fixe d'une maniere uniforme dans
toute la France. Mais la production du ble etant inegalement couteuse et
abondante dans les differentes provinces, le taux legal se trouvait sans
aucune proportion avec les localites. La faculte laissee aux municipalites
de fixer les prix de toutes les marchandises amenait une autre espece de
desordre. Quand des marchandises manquaient dans une commune, les autorites
en elevaient le prix; alors ces marchandises y etaient apportees au
prejudice des communes voisines; il y avait quelquefois engorgement dans un
lieu, disette dans un autre, a la volonte des regulateurs du tarif; et les
mouvemens du commerce, au lieu d'etre reguliers et naturels, etaient
capricieux, inegaux et convulsifs.
Les resultats des requisitions etaient bien plus facheux encore. On se
servait des requisitions pour nourrir les armees, pour fournir les grandes
manufactures d'armes et les arsenaux de ce qui leur etait necessaire, pour
approvisionner les grandes communes, et quelquefois pour procurer aux
fabricans et aux manufacturiers les matieres dont ils avaient besoin.
C'etaient les representans, les commissaires pres des armees, les agens de
la commission du commerce et des approvisionnemens, qui avaient la faculte
de requerir. Dans le moment pressant du danger, les requisitions s'etaient
faites avec precipitation et confusion. Souvent elles se croisaient pour
les memes objets, et celui qui etait requis ne savait a qui entendre. Elles
etaient presque toujours illimitees. Quelquefois on frappait de requisition
toute une denree dans une commune ou un departement. Alors les fermiers ou
les marchands ne pou
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