e; et ils ne doivent pas craindre que la France les
abandonne aux ressentimens et aux vengeances."
Lindet, passant ensuite a ce qui concernait le parti de ceux qui avaient
souffert, continua en disant: "Rendez la liberte a ceux que des haines, des
passions, l'erreur des fonctionnaires publics et la fureur des derniers
conspirateurs ont fait precipiter en masse dans les maisons d'arret;
rendez-la aux laboureurs, aux commercans, aux parens des jeunes heros qui
defendent la patrie. Les arts ont ete persecutes; cependant c'est par eux
que vous avez appris a forger la foudre; c'est par eux que l'art des
Montgolfier a servi a eclairer la marche des armees; c'est par eux que les
metaux se preparent et s'epurent, que les cuirs se tannent, s'appretent et
se mettent en oeuvre dans huit jours. Protegez-les, secourez-les. Beaucoup
d'hommes utiles sont encore dans les cachots."
Robert Lindet fit ensuite le tableau de l'etat agricole et commercial de la
France. Il montra les calamites resultant des assignats, du _maximum_, des
requisitions, de l'interruption des communications avec l'etranger. "Le
travail, dit-il, a beaucoup perdu de son activite, d'abord parce que quinze
cent mille hommes ont ete transportes sur les frontieres, qu'une multitude
d'autres se sont voues a la guerre civile, et parce qu'ensuite les esprits,
distraits par les passions politiques, se sont detournes de leurs
occupations habituelles. Il y a de nouvelles terres defrichees, mais
beaucoup de negligees. Le grain n'est pas battu, la laine n'est pas filee,
les cultivateurs ne font ni rouir leur lin, ni teiller leurs chanvres.
Tachons de reparer des maux si nombreux, si divers; rendons la paix aux
grandes villes maritimes et manufacturieres. Qu'on cesse de demolir a Lyon.
Avec de la paix, de la sagesse et de l'oubli, les Nantais, les Bordelais,
les Marseillais, les Lyonnais, reprendront leurs travaux. Revoquons les
lois destructives du commerce; rendons aux marchandises leur circulation;
permettons d'exporter, pour qu'on nous apporte ce qui nous manque. Que les
villes, les departemens cessent de se plaindre contre le gouvernement, qui,
disent-ils, a epuise leurs ressources en subsistances, qui n'a pas observe
des proportions assez exactes, et a fait peser inegalement le fardeau des
requisitions. Que ne peuvent-ils, ceux qui se plaignent, jeter les yeux sur
les tableaux, les declarations, les adresses de leurs concitoyens des
autres districts! Ils y verraient les m
|