vaient plus vendre qu'aux agens de la republique; le
commerce etant interrompu, l'objet requis gisait long-temps sans etre
enleve ou paye, et la circulation se trouvait arretee. Dans la confusion
qui resultait de l'urgence, on ne calculait pas les distances, et on
frappait de requisition le departement le plus eloigne de la commune ou de
l'armee que l'on voulait approvisionner; ce qui multipliait les transports.
Beaucoup de rivieres et de canaux etant prives d'eau par une secheresse
extraordinaire, il n'etait reste que le roulage, et on avait enleve a
l'agriculture ses chevaux pour suffire aux charrois. Cet emploi
extraordinaire joint a une levee forcee de quarante-quatre mille chevaux
pour l'armee, les avait rendus tres rares, et avait epuise presque tous les
moyens de transport. Par l'effet de ces mouvemens mal calcules et souvent
inutiles, des masses enormes de subsistances ou de marchandises se
trouvaient dans les magasins publics, entassees sans aucun soin, et souvent
exposees a toute espece d'avaries. Les bestiaux acquis par la republique
etaient mal nourris; ils arrivaient amaigris dans les abattoirs, ce qui
faisait manquer les corps gras, le suif, la graisse, etc. Aux transports
inutiles se joignaient donc les degats, et souvent les abus les plus
coupables. Des agens infideles revendaient secretement, au cours le plus
eleve, les marchandises qu'ils avaient obtenues au _maximum_ par le moyen
des requisitions. Cette fraude etait pratiquee aussi par des marchands, des
fabricans qui, ayant invoque d'abord un ordre de requisition pour
s'approvisionner, revendaient ensuite secretement et au cours, ce qu'ils
avaient achete au _maximum_.
Ces causes diverses, s'ajoutant aux effets de la guerre continentale et
maritime, avaient reduit le commerce a un etat deplorable. Il n'y avait
plus de communications avec les colonies, devenues presque inaccessibles
par les croisieres des Anglais, et presque toutes ravagees par la guerre.
La principale, Saint-Domingue, etait mise a feu et a sang par les divers
partis qui se la disputaient. Ce concours de circonstances rendait deja
toute communication exterieure presque impossible; une autre mesure
revolutionnaire avait contribue aussi a amener cet etat d'isolement;
c'etait le sequestre ordonne sur les biens des etrangers avec lesquels la
France etait en guerre. On se souvient que la convention, en ordonnant ce
sequestre, avait eu pour but d'arreter l'agiotage sur le papier etranger,
et
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