ur reunir les elemens d'un
parti, il joignait une extreme activite de corps et d'esprit, et une vaste
ambition. Puisaye, frappe de la position peninsulaire de la Bretagne, de la
vaste etendue de ses cotes, de la configuration particuliere de son sol,
couvert de forets, de montagnes, de retraites impenetrables, frappe surtout
de la barbarie de ses habitans, parlant une langue etrangere, prives ainsi
de toute communication avec les autres habitans de la France, entierement
soumis a l'influence des pretres, et trois ou quatre fois plus nombreux que
les Vendeens, Puisaye croyait pouvoir preparer en Bretagne une insurrection
bien plus formidable que celle qui avait eu pour chefs les Cathelineau, les
d'Elbee, les Bonchamp, les Lescure. Le voisinage surtout de l'Angleterre,
l'heureux intermediaire des iles de Jersey et de Guernesey, lui avaient
inspire le projet de faire concourir le cabinet de Londres a ses projets.
Il ne voulait donc pas que l'energie du pays s'usat en inutiles
brigandages, et il travaillait a l'organiser de maniere a pouvoir le tenir
tout entier sous sa main. Aide des pretres, il avait fait enroler tous les
hommes en etat de porter les armes, sur des registres ouverts dans les
paroisses. Chaque paroisse formait une compagnie; chaque canton une
division; les divisions reunies formaient quatre divisions principales,
celles du Morbihan, du Finistere, des Cotes-du-Nord et d'Ille-et-Vilaine,
aboutissant toutes quatre a un comite central, qui representait l'autorite
supreme du pays. Puisaye presidait le comite central en qualite de general
en chef, et, par le moyen de ces ramifications, faisait parvenir ses ordres
a toute la contree. Il recommandait, en attendant l'execution de ses vastes
projets, de commettre le moins d'hostilites possible, pour ne pas attirer
trop de troupes en Bretagne; de se contenter de reunir des munitions, et
d'empecher le transport des subsistances dans les villes. Mais les chouans,
peu propres au genre de guerre generale qu'il meditait, se livraient
individuellement a des brigandages qui etaient plus profitables pour eux et
plus de leur gout. Puisaye se hatait de mettre la derniere main a son
ouvrage, et se proposait, des qu'il aurait acheve l'organisation de son
parti, de passer a Londres, pour ouvrir une negociation avec le cabinet
anglais et les princes francais.
Comme on l'a vu dans la campagne precedente, les Vendeens n'avaient pas
encore communique avec les etrangers; on leur avait
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