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trer dans des concerts qui se donnaient au theatre de Feydeau, et ou se faisait entendre une voix melodieuse, qui commencait a charmer les Parisiens, c'etait la voix de Garat. La, se reunissait ce qu'on pourrait appeler l'aristocratie du temps; c'est-a-dire quelques nobles qui n'avaient pas quitte la France, des riches qui osaient reparaitre, des fournisseurs qui ne craignaient plus la terrible severite du comite de salut public. Les femmes s'y montraient dans un costume qu'on avait cherche a rendre antique, suivant l'usage de l'epoque, et qu'on avait copie de David. Depuis long-temps elles avaient abandonne la poudre et les paniers; elles portaient des bandelettes autour de leurs cheveux; la forme de leurs robes se rapprochait autant que possible de la simple tunique des femmes grecques; au lieu de souliers a grands talons, elles portaient cette chaussure que nous voyons sur les anciennes statues, une semelle legere, rattachee a la jambe par des noeuds de rubans. Les jeunes gens a cheveux retrousses, a collet noir, remplissaient le parterre de Feydeau, et applaudissaient quelquefois les femmes elegantes et singulierement parees qui venaient embellir ces reunions. Madame Tallien etait la plus belle et la plus admiree de ces femmes qui introduisaient le nouveau gout; son salon etait le plus brillant et le plus frequente. Fille du banquier espagnol Cabarrus, epouse d'un president a Bordeaux, mariee recemment a Tallien, elle tenait a la fois aux hommes de l'ancien et du nouveau regime. Elle etait revoltee contre la terreur par ressentiment, et aussi par bonte; elle s'etait interessee a toutes les infortunes, et soit a Bordeaux, soit a Paris, elle n'avait cesse un moment de jouer le role de solliciteuse, qu'elle remplissait, dit-on, avec une grace irresistible. C'est elle qui sut adoucir la severite proconsulaire que son mari deployait dans la Gironde, et le ramener a des sentimens plus humains. Elle voulait lui donner le role de pacificateur, de reparateur des maux de la revolution. Elle attirait dans sa maison tous ceux qui avaient contribue avec lui au 9 thermidor, et cherchait a les gagner, en les flattant, en leur faisant esperer la reconnaissance publique, l'oubli du passe, dont plusieurs avaient besoin, et le pouvoir qui aujourd'hui etait promis aux adversaires plutot qu'aux partisans de la terreur. Elle s'entourait de femmes aimables qui contribuaient a ce plan d'une seduction si pardonnable. Parmi ces femmes brillai
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