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toujours parvenu a se soustraire a la poursuite des republicains,
commandait dans la Basse-Vendee, mais ambitionnait le commandement general.
On s'etait reuni a Jallais, et on avait fait des conventions dictees par
l'abbe Bernier, cure de Saint-Lo, conseiller et ami de Stofflet, et
gouvernant le pays sous son nom. Cet abbe etait aussi ambitieux que
Charette, et desirait une combinaison qui lui fournit le moyen d'exercer
sur tous les chefs l'empire qu'il avait sur Stofflet. On convint de former
un conseil superieur d'apres les ordres duquel tout se ferait a l'avenir.
Stofflet, Sapinaud et Charette se confirmerent reciproquement leurs
commandemens respectifs de l'Anjou, du centre et de la Basse-Vendee. M. de
Marigny, qui avait survecu a la grande expedition vendeenne sur Granville,
ayant enfreint l'un des ordres de ce conseil, fut saisi. Stofflet eut la
cruaute de le faire fusiller sur un rapport de Charette. On attribua a la
jalousie cet acte de rigueur, qui produisit une funeste impression sur tous
les royalistes.
La guerre, sans aucun resultat possible, n'etait plus qu'une guerre de
devastation. Les republicains avaient etabli quatorze camps retranches qui
enveloppaient tout le pays insurge. De ces camps partaient des colonnes
incendiaires qui, sous le commandement en chef du general Turreau,
executaient le formidable decret de la convention. Elles brulaient les
bois, les haies, les genets, souvent meme les villages, s'emparaient des
moissons et des bestiaux, et, s'autorisant du decret qui ordonnait a tout
habitant etranger a la revolte de se retirer a vingt lieues du pays
insurge, traitaient en ennemis tous ceux qu'elles rencontraient. Les
Vendeens qui, obliges de vivre, ne cessaient pas de cultiver leurs champs
au milieu de ces horribles scenes, resistaient a cette guerre de maniere a
la rendre eternelle. Au signal de leurs chefs, ils formaient des
rassemblemens imprevus, se jetaient sur les derrieres des camps, et les
enlevaient; ou bien, laissant penetrer les colonnes, ils fondaient sur
elles quand elles etaient engagees dans le pays, et s'ils parvenaient a les
rompre, ils egorgeaient jusqu'au dernier homme. Ils s'emparaient alors des
armes, des munitions, dont ils etaient avides, et, sans avoir rien fait
pour affaiblir un ennemi trop superieur, ils s'etaient procure seulement
les moyens de continuer cette guerre atroce.
Tel etait l'etat des choses sur la rive gauche de la Loire. Sur la rive
droite, dans cette
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