e, et purent passer la
Roer sur tous les points. Telle fut l'importante bataille qui nous valut la
conquete definitive de la rive gauche du Rhin. C'est l'une de celles qui
ont le plus merite au general Jourdan la reconnaissance de sa patrie et
l'estime des militaires. Neanmoins les critiques lui ont reproche de
n'avoir pas pris un point de depart plus rapproche du point d'attaque, et
de n'avoir pas porte le gros de ses forces a Mirveiller et Dueren.
Clerfayt prit la grande route de Cologne; Jourdan le suivit, et occupa
cette ville, le 15 vendemiaire (6 octobre); il s'empara de Bonn, le 29 (20
octobre). Kleber alla faire avec Marescot le siege de Maestricht.
Tandis que Jourdan remplissait si vaillamment sa tache, et prenait
possession de l'importante ligne du Rhin, Pichegru, de son cote, se
preparait a franchir la Meuse pour venir joindre ensuite le Wahal, bras
principal du Rhin vers son embouchure. Ainsi que nous venons de le
rapporter tout a l'heure, le duc d'York avait passe la Meuse a Grave,
abandonnant Bois-le-Duc a ses propres forces. Avant de tenter le passage de
la Meuse, Pichegru devait s'emparer de Bois-le-Duc; ce qui n'etait pas
facile dans l'etat de la saison, et avec l'insuffisance du materiel de
siege. Cependant l'audace des Francais et le decouragement des ennemis
rendaient tout possible. Le fort de Crevecoeur, pres de la Meuse, menace
par une batterie dirigee a propos sur un point ou l'ennemi ne croyait pas
possible d'en etablir, se rendit. Le materiel qu'on y trouva servit a
presser le siege de Bois-le-Duc. Cinq attaques consecutives epouvanterent
le gouverneur, qui rendit la place le 19 vendemiaire (10 octobre). Ce
succes inespere procura aux Francais une base solide et des munitions
considerables pour pousser leurs operations au-dela de la Meuse, et
jusqu'au bord du Wahal.
Moreau, qui formait la droite, s'etait, depuis les victoires de l'Ourthe et
de la Roer, avance jusqu'a Venloo. Le duc d'York, effraye de ce mouvement,
avait retire toutes ses troupes au-dela du Wahal, et abandonne tout
l'espace compris entre la Meuse et le Wahal ou le Rhin. Cependant, voyant
que Grave (sur la Meuse) allait se trouver sans communications et sans
appui, il repassa le Wahal, et entreprit de defendre l'espace compris entre
les deux cours d'eau. Le sol, comme il arrive toujours vers l'embouchure
des grands fleuves, etait inferieur au lit des eaux; il presentait de
vastes prairies coupees de canaux et de chaussees, et
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