inondees dans
certaines parties. Le general Hammerstein, place intermediairement entre la
Meuse et le Wahal, avait ajoute a la difficulte des lieux en coupant les
routes, en couvrant les digues d'artillerie, en jetant sur les canaux des
ponts, que son armee devait detruire en se retirant. Le duc d'York, dont il
formait l'avant-garde, etait place en arriere, sur les bords du Wahal, dans
le camp de Nimegue.
Dans les journees des 27 et 28 vendemiaire (18 et 19 octobre), Pichegru fit
franchir la Meuse a deux de ses divisions, sur un pont de bateaux. Les
Anglais, qui etaient sous le canon de Nimegue, et l'avant-garde
d'Hammerstein disposee le long des canaux et des digues, se trouvaient trop
eloignes pour empecher ce passage. Le reste de l'armee debarqua sur l'autre
rive, sous la protection de ces deux divisions. Le 28, Pichegru decida
l'attaque de tous les ouvrages qui couvraient l'espace intermediaire de la
Meuse au Wahal. Il lanca quatre colonnes, formant une masse superieure a
l'ennemi, dans ces prairies inondees et coupees de canaux. Les Francais
braverent le feu de l'artillerie avec un rare courage, puis se jeterent
dans les fosses, ayant de l'eau jusqu'aux epaules, tandis que les
tirailleurs, du bord des fosses, fusillaient par dessus leurs tetes.
L'ennemi epouvante se retira, ne songeant plus qu'a sauver son artillerie.
Il vint se refugier dans le camp de Nimegue, sur les bords du Wahal, et les
Francais vinrent bientot l'y insulter journellement.
Ainsi, vers la Hollande comme vers le Luxembourg, les Francais etaient
enfin parvenus a atteindre cette formidable ligne du Rhin, que la nature
semble avoir assignee pour limite a leur belle patrie, et qu'ils ont
toujours ambitionne de lui donner pour frontiere. Pichegru, il est vrai,
arrete par Nimegue, n'etait pas maitre du cours du Wahal, et s'il songeait
a conquerir la Hollande, il voyait devant lui de nombreux cours d'eaux, des
places fortes, des inondations et une saison affreuse; mais il touchait a
la limite tant desiree, et avec encore un acte d'audace, il pouvait entrer
dans Nimegue ou dans l'ile de Bommel, et s'etablir solidement sur le Wahal.
Moreau, appele le general des sieges, venait, par un acte de hardiesse,
d'entrer dans Venloo; Jourdan etait fortement etabli sur le Rhin. Le long
de la Moselle et de l'Alsace, les armees venaient aussi de joindre ce grand
fleuve.
Depuis l'echec de Kayserslautern, les armees de la Moselle et du Haut-Rhin,
commandees par M
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