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envoye M. de Tinteniac,
pour savoir qui et combien ils etaient, quel but ils avaient, et pour leur
offrir des armes et des secours, s'ils s'emparaient d'un port sur la cote.
C'est la ce qui les avait engages a venir a Granville, et a faire la
tentative dont on a vu la malheureuse issue. L'escadre de lord Moira, apres
avoir inutilement croise sur nos cotes, avait porte en Hollande les secours
destines a la Vendee. Puisaye esperait provoquer une expedition pareille et
s'entendre avec les princes, qui n'avaient encore temoigne aucune
reconnaissance, ni donne aucun encouragement aux royalistes insurges dans
l'interieur.
De leur cote, les princes, esperant peu de l'appui des puissances,
commencaient a reporter les yeux sur leurs partisans de l'interieur de la
France. Mais rien n'etait dispose autour d'eux pour mettre a profit le
devouement des braves gens qui voulaient se sacrifier a leur cause.
Quelques vieux seigneurs, quelques anciens amis, avaient suivi Monsieur,
qui etait devenu regent, et qui demeurait a Verone depuis que le pays du
Rhin n'etait habitable que pour les gens de guerre. Le prince de Conde,
brave, mais peu capable, continuait de reunir sur le Haut-Rhin tout ce qui
voulait se servir de son epee. Une jeune noblesse suivait M. le comte
d'Artois dans ses voyages, et l'avait accompagne jusqu'a Saint-Petersbourg.
Catherine avait fait au prince une reception magnifique, lui avait donne
une fregate, un million, une epee, et le brave comte de Vauban, pour
l'engager a s'en bien servir. Elle avait promis en outre les plus grands
secours, des que le prince serait descendu en Vendee. Cependant la descente
ne s'etait pas effectuee; et le comte d'Artois etait revenu en Hollande au
quartier-general du duc d'York.
La situation des trois princes francais n'etait ni brillante ni heureuse.
L'Autriche, la Prusse et l'Angleterre avaient refuse de reconnaitre le
regent; car reconnaitre un autre souverain de France que le souverain de
fait, c'eut ete s'ingerer dans ses affaires interieures, ce qu'aucune
puissance ne voulait avoir l'air de faire. Aujourd'hui surtout qu'elles
etaient battues, toutes affectaient de dire qu'elles avaient pris les armes
dans l'interet seul de leur propre surete. Reconnaitre le regent avait
encore un autre inconvenient: c'etait se condamner a ne faire la paix
qu'apres la destruction de la republique, chose sur laquelle on commencait
a ne plus compter. En attendant, les puissances souffraient les agen
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