emes plaintes, les memes
reclamations, la meme energie, inspirees par le sentiment des memes
besoins. Rappelons le repos d'esprit et le travail dans les campagnes;
ramenons les ouvriers a leurs ateliers, les cultivateurs a leurs champs.
Surtout, ajoute Lindet, efforcons-nous de ramener parmi nous l'union et la
confiance. Cessons de nous reprocher nos malheurs et nos fautes. Avons-nous
toujours ete, avons-nous pu etre ce que nous aurions voulu etre en effet?
Nous avons tous ete lances dans la meme carriere: les uns ont combattu avec
courage, avec reflexion; les autres se sont precipites, dans leur
bouillante ardeur, contre tous les obstacles qu'ils voulaient detruire et
renverser. Qui voudra nous interroger, et nous demander compte de ces
mouvemens qu'il est impossible de prevoir et de diriger? La revolution est
faite: elle est l'ouvrage de tous. Quels generaux, quels soldats n'ont
jamais fait dans la guerre que ce qu'il fallait faire, et ont su s'arreter
ou la raison froide et tranquille aurait desire qu'ils s'arretassent?
N'etions-nous pas en etat de guerre contre les plus nombreux et les plus
redoutables ennemis? Quelques revers n'ont-ils pas irrite notre courage,
enflamme notre colere? Que nous est-il arrive qui n'arrive a tous les
hommes jetes a une distance infinie du cours ordinaire de la vie."
Ce rapport, si sage, si impartial, si complet, fut couvert
d'applaudissemens. Tout le monde approuvait les sentimens qu'il renfermait,
et il eut ete a desirer que tout le monde put les partager. Lindet proposa
ensuite une serie de decrets, qui furent accueillis comme l'avait ete son
rapport, et qui furent adoptes sur-le-champ.
Par le premier decret, le comite de surete generale et les representans en
mission etaient charges d'examiner les reclamations des commercans, des
laboureurs, des artistes, des peres et meres des citoyens presens aux
armees, qui etaient ou avaient des parens en prison. Par un second, les
municipalites et les comites des sections etaient tenus de motiver leurs
refus, quand ils n'accordaient pas de certificats de civisme. C'etaient la
des satisfactions donnees a ceux qui se plaignaient sans cesse de la
terreur et qui craignaient de la voir renaitre. Un troisieme decret
ordonnait la redaction d'une instruction morale, tendant a ramener l'amour
du travail et des lois, a eclairer les citoyens sur les principaux
evenemens de la revolution, et destinee a etre lue au peuple, dans les
fetes decadaires. Un qu
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