XXV.
HIVER DE L'AN III. REFORMES ADMINISTRATIVES DANS TOUTES LES PROVINCES.
--NOUVELLES MOEURS. PARTI THERMIDORIEN; LA _jeunesse doree_. SALONS DE
PARIS.--LUTTE DES DEUX PARTIS DANS LES SECTIONS; RIXES ET SCENES
TUMULTUEUSES.--VIOLENCES DU PARTI REVOLUTIONNAIRE AUX JACOBINS ET AU CLUB
ELECTORAL.--DECRETS SUR LES SOCIETES POPULAIRES,--DECRETS RELATIFS AUX
FINANCES. MODIFICATIONS AU _MAXIMUM_ ET AUX REQUISITIONS.--PROCES DE
CARRIER.--AGITATION DANS PARIS, ET EXASPERATION CROISSANTE DES DEUX
PARTIS.--ATTAQUE DE LA SALLE DES JACOBINS PAR LA JEUNESSE DOREE.--CLOTURE
DU CLUB DES JACOBINS.--RENTREE DES SOIXANTE-TREIZE DEPUTES EMPRISONNES
APRES LE 31 MAI.--CONDAMNATION ET SUPPLICE DE CARRIER.--POURSUITES
COMMENCEES CONTRE BILLAUD-VARENNES, COLLOT-D'HERBOIS ET BARRERE.
Pendant que les evenemens que nous venons de rapporter se passaient aux
frontieres, la convention continuait ses reformes. Les representans charges
de renouveler les administrations parcouraient la France, reduisant partout
le nombre des comites revolutionnaires, les composant d'autres individus,
faisant arreter, comme complices du systeme de Robespierre, ceux que des
exces trop signales ne permettaient pas de laisser impunis, changeant les
fonctionnaires municipaux, reorganisant les societes populaires, et les
purgeant des hommes les plus violens et les plus dangereux. Cette operation
ne s'executait pas toujours sans obstacle. A Dijon, par exemple,
l'organisation revolutionnaire etait plus compacte que partout ailleurs.
Les memes individus, membres a la fois du comite revolutionnaire, de la
municipalite, de la societe populaire, y faisaient trembler tout le monde.
Ils enfermaient arbitrairement les voyageurs et les habitans, inscrivaient
sur la liste des emigres tous ceux qu'il leur plaisait d'y porter, et les
empechaient d'obtenir des certificats de residence en intimidant les
sections. Ils s'etaient enregimentes sous le titre d'armee revolutionnaire,
et obligeaient la commune a leur payer une solde. Ils n'avaient aucune
profession; assistaient aux seances du club, eux et leurs femmes, et
dissipaient dans des orgies, ou il n'etait permis de boire que dans des
calices, le double produit de leurs appointemens et de leurs rapines. Ils
correspondaient avec les jacobins de Lyon et de Marseille, et leur
servaient d'intermediaires pour communiquer avec ceux de Paris. Le
representant Cales eut la plus grande peine a dissoudre cette coalition; il
destitua toutes les
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