onnaires, teints du
sang des citoyens. Dites aux Belges et aux peuples du Rhin: Vous vouliez
une demi-liberte, nous vous la donnons tout entiere, mais en vous epargnant
les maux cruels qui precedent son etablissement, en vous epargnant les
sanglantes epreuves par lesquelles nous avons passe nous-memes. Songez,
citoyens, que pour degouter les peuples voisins de s'unir a vous, on leur
dit que vous n'avez point de gouvernement, ce qu'en traitant avec vous on
ne sait s'il faut s'adresser a la convention ou aux jacobins. Donnez au
contraire l'unite et l'ensemble a votre gouvernement, et vous verrez
qu'aucun peuple n'a d'eloignement pour vous et vos principes; vous verrez
qu'aucun peuple ne hait la liberte."
Duhem, Crassous, Clausel, veulent au moins l'ajournement du decret, disant
qu'il est trop important pour etre rendu brusquement; ils reclament la
parole tous a la fois. Merlin (de Thionville) la demande contre eux avec
cette ardeur qu'il porte a la tribune comme sur les champs de bataille. Le
president la leur donne successivement. Dubarran, Levasseur, Romme, sont
encore entendus contre le decret; Thuriot pour. Enfin Merlin s'elance une
derniere fois a la tribune: "Citoyens, dit-il, quand il fut question
d'etablir la republique, vous l'avez decretee sans renvoi ni rapport;
aujourd'hui, il s'agit en quelque sorte de l'etablir une seconde fois, en
la sauvant des societes populaires coalisees contre elle. Citoyens, il ne
faut pas craindre d'aborder cette caverne, malgre le sang et les cadavres
qui en obstruent l'entree; osez y penetrer, osez en chasser les fripons et
les assassins, et n'y laisser que les bons citoyens, pour y peser
tranquillement les grands interets de la patrie. Je vous demande de rendre
ce decret qui sauve la republique, comme celui qui l'a creee, c'est-a-dire
sans renvoi ni rapport."
Merlin est applaudi, et le decret vote sur-le-champ, article par article.
C'etait le premier coup porte a cette societe celebre, qui jusqu'a ce jour
avait fait trembler la convention, et avait servi a lui imprimer la
direction revolutionnaire. C'etaient moins les dispositions du decret,
d'ailleurs assez faciles a eluder, que le courage de le rendre, qui
importait ici, et qui devait faire pressentir aux jacobins leur fin
prochaine. Reunis le soir dans leur salle, ils commentent le decret, et la
maniere dont il a ete rendu. Le depute Lejeune, qui le matin s'etait oppose
de toutes ses forces a son adoption, se plaint de n'avoi
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