tre ou cinq secretaires
examinateurs que je n'ai pas le moyen de payer, je suis bien forcee de
me soumettre a tous les ressentiments que mon impuissance souleve, et de
supporter patiemment toutes les menaces, injures et recriminations qui
viennent a la suite.
Pardonnez, mademoiselle, la hate avec laquelle je vous ecris: vous etes
la septieme aujourd'hui, et je n'ai pas le temps de vous faire mes
excuses comme je le voudrais.
G. SAND.
Si votre intention est de faire reprendre votre manuscrit chez moi et
que je sois absente, comme il est probable, veuillez faire reclamer le
n deg. 153, on le trouvera cachete et en ordre.
CCCVIII
A JOSEPH MAZZINI, A...
Nohant, 5 novembre 1849.
Oui, mon ami, j'ai recu tous les numeros de l'_Italia_; on n'a pas
encore songe a me les supprimer. C'est un heureux hasard. Continuez a
me les envoyer. Vos articles sont excellents et admirables. Je ne vous
dirai pas, comme Kleber a Napoleon: "Mon general, vous etes grand comme
le monde!" Je vous dirai mieux, je vous dirai: Mon ami, vous etes bon
comme la verite. Non, je ne suis pas d'un avis different du votre sur ce
qu'il faut faire. Vous vous trompez absolument quand vous me dites que
ma persistance dans l'idee communiste est au nombre des choses qui ont
fait du mal. Je ne le crois pas pour mon compte, parce que je n'ai
jamais marche, ni pense, ni agi avec ceux qui s'intitulent l'_ecole
communiste_. Le communisme est ma doctrine personnelle; mais je ne l'ai
jamais prechee dans les temps d'orage, et je n'en ai parle alors que
pour dire que son regne etait loin et qu'il ne fallait pas se preoccuper
de son application. Ce que cette doctrine a d'applicable des aujourd'hui
a toute sorte d'autres noms, que l'on accepte parce qu'ils representent
des choses immediatement possibles.
Ce sont les premiers echelons de mon idee, selon moi; mais je n'ai
jamais ete de ceux qui veulent faire adopter leur croyance entiere,
et qui rejettent l'etat intermediaire, les transitions _necessaires,
inevitables, justes et bonnes par consequent_.
Bien au contraire, je blame ceux qui ne veulent rien laisser faire,
quand on ne veut pas faire tout de suite ce qu'ils revent; je les
regarde comme vous les regardez, comme des fleaux dans les temps de
revolution.
Je m'explique mal apparemment; mais comprenez-moi mieux que je ne
m'explique. Je ne suis pas de ces sectes orgueilleuses qui ne supportent
pas la contradictio
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