n et qui rejettent tout ce qui n'est pas leur Eglise.
Je ne veux point paralyser l'action qui doit briser les obstacles;
ce n'est point par complaisance et par amitie que je vous dis: Allez
toujours, vous faites bien. Mais je vous signale simplement les
obstacles, et, parmi ces obstacles, je vous signalerais volontiers
l'entetement communiste comme tous les autres entetements.
Je vous dis ou est notre mal en France: trop de foi a l'idee personnelle
chez quelques-uns, trop de scepticisme chez la plupart. L'orgueil chez
les premiers, le manque de dignite chez les autres. Mais je constate
un mal, et je ne fais rien de plus. Je sais, je vois qu'on ne peut pas
faire _agir_ des gens qui ne _pensent_ pas encore et qui ne croient
a rien, tandis que ceux qui agissent un peu chez nous n'ont en vue
qu'eux-memes, leur gloire ou leur vanite, leur ambition ou leur profit.
Vous me trouverez bien triste et bien decouragee. Je suis malade de
nouveau; des chagrins personnels affreux contribuent peut-etre a me
donner un nouvel acces de spleen! mais a Dieu ne plaise que je veuille
faire des proselytes a mon spleen. Voila pourquoi je ne publie rien sous
l'influence de mon mal. Je tacherai pourtant d'ecrire pour vous, sous
la forme d'une lettre. Si je n'y reussis pas, c'est que mon coeur est
brise. Mais les morceaux en sont bons, comme on dit chez nous, et, avec
un peu de temps, ils se recolleront, j'espere.
Recevez-vous l'_Evenement_ la ou vous etes? J'y ai publie ces jours-ci
un article que les preoccupations du moment, la crise ministerielle ont
fait oublier de reproduire dans les autres journaux. Je voudrais pouvoir
vous l'envoyer; mais on ne me l'a pas envoye a moi-meme. C'est par
hasard que cet article a ete donne a ce journal. Il est intitule _Aux
moderes_. C'est peu de chose, litterairement parlant; mais vous y
verrez, s'il vous tombe sous la main, que je ne suis pas _obstinee_.
Je vous aime et vous embrasse. Maurice aussi, Borie aussi. Il est
poursuivi pour un delit de presse ou, comme de juste, il a mille fois
raison contre ses accusateurs.
CCCIX
A M. X...
Nohant, janvier 1850.
Monsieur,
Tout, en vous remerciant de beaucoup d'eloges et de bienveillance que
vous m'accordez, permettez-moi de rectifier plusieurs faits absolument
controuves dans ma biographie, ecrite par vous, et dont une revue me
fait connaitre des fragments.
Je sais comme, tout le monde le genre d'importance
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