out en
respectant rigoureusement, incontestablement, la verite.
Ce soir-la, il y avait dans le petit salon une reunion de
notabilites, quoiqu'elles n'y eussent point ete amenees par une
ceremonie pathologique de ce genre.
Il etait survenu en ces derniers temps maints changements qui
meritaient discussion et c'etait dans cette piece, somptueusement
meublee d'un divan et d'un miroir, que l'Ecluse de Harvey avait
coutume d'echanger ses idees.
Les habitudes de proprete, qui commencaient a s'etablir dans la
population, causaient encore quelque agitation dans les esprits de
plusieurs.
Puis, il y avait des commentaires a faire sur miss Sinclair, ses
allees et venues, sur le filon riche du Conemara, sur les bruits
recents relatifs aux coureurs de la brousse.
Il n'y avait donc rien d'etonnant a ce que les notables de la
ville se fussent reunis au Bar Colonial.
Les coureurs de la Brousse etaient en ce moment-la l'objet de la
discussion.
Depuis quelques jours, on parlait de leur presence et la colonie
eprouvait un sentiment de malaise.
La crainte physique est chose peu connue a l'Ecluse de Harvey.
Les mineurs se seraient mis en campagne pour faire une chasse a
mort aux brigands et ils s'y seraient livres avec autant d'entrain
que s'il s'etait agi de tuer un meme nombre de Kangourous.
Ce qui causait leur inquietude, c'etait la presence d'une grande
quantite d'or dans la ville.
Ils etaient decides a mettre en surete a tout prix le fruit de
leur travail.
Des messages avaient ete envoyes a Buckhurst pour faire venir tous
les soldats disponibles.
En attendant, la rue principale de l'Ecluse etait parcourue chaque
nuit par des patrouilles de bonne volonte.
La panique avait augmente de nouveau a la suite des nouvelles
rapportees le jour meme par Jim Struggles.
Jim etait d'un caractere ambitieux et entreprenant, et apres avoir
passe quelque temps a considerer avec degout le resultat de son
travail de la derniere semaine, il avoir secoue, metaphoriquement
s'entend, la poussiere de l'argile de l'Ecluse, et etait parti
poux les bois dans l'intention de prospecter aux environs jusqu'a
ce qu'il trouvat un endroit a sa convenance.
Jim racontait qu'etant assis sur un tronc d'arbre tombe et en
train de prendre son repas de midi, compose de liquide et de lard
rance, son oreille exercee avait percu le bruit de sabots de
chevaux.
Il avait eu a peine le temps de s'allonger a terre derriere
l'arbre qu'une trou
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