al Rodney, manoeuvrant pour couper la flotte
francaise de son convoi, ne put atteindre que le vaisseau le _Zele_,
le plus mauvais marcheur de l'arriere garde. Le comte de Grasse voulut
le sauver et engagea son avant-garde sous le commandement de M. de
Vaudreuil. Les Francais eurent l'avantage dans ce premier combat,
livre le 9 avril 1782. L'amiral Rodney les suivit, et, ayant gagne
le vent, engagea le 12 une action generale dont le resultat fut
desastreux pour la flotte francaise. Le vaisseau amiral la _Ville de
Paris_ et six autres furent desempares et pris apres la plus glorieuse
resistance. M. de Grasse n'obtint sa liberte qu'a la paix. Le pont de
son vaisseau avait ete completement rase par les boulets ennemis, et
l'amiral avec deux officiers restaient seuls debout et sans blessure
quand il se rendit[221].
[Note 220: Le 7 janvier 1782, arriva dans la baie de Chesapeak une
fregate francaise, la Sibylle, portant deux millions pour l'armee.]
[Note 221: V. _Not. biog._ de Grasse]
L'amiral Rodney ne put garder aucun des quatre vaisseaux dont il
s'etait empare, parce qu'ils etaient trop endommages.
En outre, le _Cesar_ prit feu et perit avec environ quatre cents
Anglais qui en avaient pris possession.
Quand cette nouvelle parvint aux Etats-Unis, le Congres venait
precisement de recevoir du general Carleton, qui avait remplace
Clinton dans le commandement de l'armee anglaise, la proposition du
gouvernement anglais de reconnaitre sans restriction l'independance
des Etats-Unis, sous la condition de renoncer a l'alliance avec la
France. Le Congres ne se laissa pas influencer par la nouvelle du
desastre eprouve par les Francais dans les eaux des Antilles. Il ne
montra que de l'indignation et refusa d'admettre le negociateur qui en
etait charge. Les Etats declarerent unanimement qu'ils considereraient
comme haute trahison toute proposition tendant a faire une paix
separee. Ces ouvertures, ainsi que l'armistice qui fut a la meme
epoque demande par le commandant de Charleston et refuse par le
general Green, prouvaient assez que, malgre leur dernier succes
dans les Antilles, les Anglais renoncaient enfin a soumettre leurs
anciennes colonies. Les Americains desiraient certainement la paix,
mais ils montrerent la plus grande fermete et ils prouverent leur
reconnaissance envers la France en se disposant a de nouveaux
sacrifices afin d'obtenir cette paix a des conditions aussi honorables
pour les allies que pour eux-memes.
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