es en signe de
devouement, le langage image par lequel il exprimait dans sa langue sa
profonde gratitude, et que je traduisais de mon mieux a la maitresse de
la maison, toutes ses manieres enfin, etranges et belles, inspiraient de
la curiosite, de l'interet, une sorte de respect et de sympathie. Je le
fis inviter a un bal des Tuileries. Il fut presente a l'empereur et a
l'imperatrice. Il ne s'etonnait de rien. Il ne temoigna jamais aucune
surprise. Apres six semaines de fetes, il nous quitta pour visiter le
reste de l'Europe.
"Je ne songeais plus guere a lui quand, cinq ou six ans plus tard, je
recus une relation de son voyage qu'il m'avait fait l'honneur de
m'envoyer de Mascate. Le livre imprime en caracteres arabes sortait des
presses de Wilson and Son, imprimeurs a Aden. Je le feuilletai assez
negligemment, pensant n'y rien trouver de substantiel. Un chapitre
pourtant attira mon attention. Il avait pour titre: "Des bals et des
danses". Je le lus et j'y decouvris un passage assez curieux dont je
vais vous rendre le sens tres exactement. Djeber-ben-Hamsa y disait:
"C'est une coutume chez les Occidentaux et particulierement chez les
Francs de donner ce "qu'ils appellent des bals. Voici en quoi consiste
cette coutume. Apres avoir rendu leurs "femmes et leurs filles aussi
desirables que possible en leur decouvrant les bras et les "epaules, en
parfumant leurs cheveux, leurs habits, en repandant une poudre fine sur
leur "chair, en les chargeant de fleurs et de joyaux et en les
instruisant a sourire sans en avoir "envie, ils se rendent avec elles
dans des salles vastes et chaudes, eclairees de bougies qui "egalent en
nombre les etoiles, et garnies de tapis epais, de sieges profonds, de
coussins "moelleux. La, ils boivent des liqueurs fermentees, echangent
des propos joyeux et se livrent "avec ces femmes a des danses rapides,
auxquelles j'ai plusieurs fois assiste. Puis, le "moment venu, ils
assouvissent leurs desirs charnels avec une grande fureur, soit apres
avoir "eteint les lumieres, soit en disposant des tapisseries d'une
maniere favorable a leurs "desseins. Et ainsi chacun jouit de celle
qu'il prefere ou qui lui est assignee. J'affirme "qu'il en est ainsi.
Non que je l'aie vu de mes yeux, mon guide m'ayant toujours fait sortir
"des salons avant l'orgie, mais parce qu'il serait absurde et contraire
a toute possibilite que les choses preparees comme j'ai dit eussent une
autre issue."
"Cette reflexion de Djeber-ben-H
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