es du temple. Enfin, la derniere
salle du temple, ayant servi de sanctuaire, est couverte de sculptures
d'un travail ignoble et grossier; mais la surprise que j'eprouvai a la
vue de ces pitoyables bas-reliefs, compares a la finesse et a l'elegance
des tableaux sculptes dans les deux salles precedentes, cessa bientot a
la lecture de grandes inscriptions hieroglyphiques, constatant que cette
belle restauration-la avait ete faite sous le regne et au nom de
Ptolemee Evergete II et de sa premiere femme Cleopatre. Voila une des
mille et une preuves demonstratives contre l'opinion de ceux qui
supposeraient que l'art egyptien gagna quelque perfection par
l'etablissement des Grecs en Egypte.
Je le repete encore: l'art egyptien ne doit qu'a lui-meme tout ce qu'il
a produit de grand, de pur et de beau; et n'en deplaise aux savants qui
se font une religion de croire fermement a la generation spontanee des
arts en Grece, il est evident pour moi, comme pour tous ceux qui ont
bien vu l'Egypte, ou qui ont une connaissance reelle des monuments
egyptiens existants en Europe, que les arts ont commence en Grece par
une imitation servile des arts de l'Egypte, beaucoup plus avances qu'on
ne le croit vulgairement, a l'epoque ou les premieres colonies
egyptiennes furent en contact avec les sauvages habitants de l'Attique
ou du Peloponnese. La vieille Egypte enseigna les arts a la Grece,
celle-ci leur donna le developpement le plus sublime: mais sans
l'Egypte, la Grece ne serait probablement point devenue la terre
classique des beaux-arts. Voila ma profession de foi tout entiere sur
cette grande question. Je trace ces lignes presque en face des
bas-reliefs que les Egyptiens ont executes, avec la plus elegante
finesse de travail, 1700 ans avant l'ere chretienne. Que faisaient les
Grecs alors!... Mais cette question exigerait des volumes, et je ne fais
qu'une lettre.... Adieu.
SEIZIEME LETTRE
Thebes, le 20 juin 1829.
J'ai donne toute la journee d'hier et cette matinee a l'etude des
tristes restes de l'un des plus importants monuments de l'ancienne
Thebes. Cette construction, comparable en etendue a l'immense palais de
Karnac, dont on apercoit d'ici les obelisques sur l'autre rive du
fleuve, a presque entierement disparu; il en subsiste encore quelques
debris, s'elevant a peine au-dessus du sol de la plaine exhaussee par
les depots successifs de l'inondation, qui recouvrent probablement aussi
toutes les masses de granit, de breche
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