t Raoul honteux de
tant de prevenances, mais dans un instant je vais etre habille.
Athos appela Olivain, et en effet au bout de dix minutes, avec
cette ponctualite qu'Athos, rompu au service militaire, avait
transmise a son pupille, le jeune homme fut pret.
-- Maintenant, dit le jeune homme au laquais, occupez-vous de mon
bagage.
-- Vos bagages vous attendent, Raoul, dit Athos. J'ai fait faire
la valise sous mes yeux, et rien ne vous manquera. Elle doit deja,
ainsi que le portemanteau du laquais, etre placee sur les chevaux,
si toutefois on a suivi les ordres que j'ai donnes.
-- Tout a ete fait selon la volonte de monsieur le comte, dit
Olivain, et les chevaux attendent.
-- Et moi qui dormais, s'ecria Raoul, tandis que vous, monsieur,
vous aviez la bonte de vous occuper de tous ces details! Oh! mais,
en verite, monsieur, vous me comblez de bontes.
-- Ainsi vous m'aimez un peu, je l'espere du moins? repliqua Athos
d'un ton presque attendri.
-- Oh! monsieur, s'ecria Raoul, qui, pour ne pas manifester son
emotion par un elan de tendresse, se domptait presque a suffoquer,
oh! Dieu m'est temoin que je vous aime et que je vous venere.
-- Voyez si vous n'oubliez rien, dit Athos en faisant semblant de
chercher autour de lui pour cacher son emotion.
-- Mais non, monsieur, dit Raoul.
Le laquais s'approcha alors d'Athos avec une certaine hesitation,
et lui dit tout bas:
-- M. le vicomte n'a pas d'epee, car monsieur le comte m'a fait
enlever hier soir celle qu'il a quittee.
-- C'est bien, dit Athos, cela me regarde.
Raoul ne parut pas s'apercevoir du colloque. Il descendit,
regardant le comte a chaque instant pour voir si le moment des
adieux etait arrive; mais Athos ne sourcillait pas.
Arrive sur le perron, Raoul vit trois chevaux.
-- Oh! monsieur, s'ecria-t-il tout radieux, vous m'accompagnez
donc?
-- Je veux vous conduire quelque peu, dit Athos.
La joie brilla dans les yeux de Raoul, et il s'elanca legerement
sur son cheval.
Athos monta lentement sur le sien apres avoir dit un mot tout bas
au laquais, qui, au lieu de suivre immediatement, remonta au
logis. Raoul, enchante d'etre en la compagnie du comte, ne
s'apercut ou feignit de ne s'apercevoir de rien.
Les deux gentilshommes prirent par le Pont-Neuf, suivirent les
quais ou plutot ce qu'on appelait alors l'abreuvoir Pepin, et
longerent les murs du Grand-Chatelet. Ils entraient dans la rue
Saint-Denis lorsqu'ils furent rejoints par
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