s deux seuls
hommes capables de renverser quatre hommes, de lutter corps a
corps sans desavantage contre le comte de La Fere et le chevalier
d'Herblay, et de ne se rendre qu'a cinquante hommes.
-- Le prince! dirent en meme temps Athos et Aramis en faisant un
mouvement pour demasquer le duc de Beaufort, tandis que d'Artagnan
et Porthos faisaient de leur cote un pas en arriere.
-- Cinquante cavaliers! murmurerent d'Artagnan et Porthos.
-- Regardez autour de vous, messieurs, si vous en doutez, dit le
duc.
D'Artagnan et Porthos regarderent autour d'eux; ils etaient en
effet entierement enveloppes par une troupe d'hommes a cheval.
-- Au bruit de votre combat, dit le duc, j'ai cru que vous etiez
vingt hommes, et je suis revenu avec tous ceux qui m'entouraient,
las de toujours fuir, et desireux de tirer un peu l'epee a mon
tour, vous n'etiez que deux.
-- Oui, Monseigneur, dit Athos, mais vous l'avez dit, deux qui en
valent vingt.
-- Allons, messieurs, vos epees, dit le duc.
-- Nos epees! dit d'Artagnan relevant la tete et revenant a lui,
nos epees! jamais!
-- Jamais! dit Porthos.
Quelques hommes firent un mouvement.
-- Un instant, Monseigneur, dit Athos, deux mots.
Et il s'approcha du prince, qui se pencha vers lui et auquel il
dit quelques paroles tout bas.
-- Comme vous voudrez, comte, dit le prince. Je suis trop votre
oblige pour vous refuser votre premiere demande. Ecartez-vous,
messieurs, dit-il aux hommes de son escorte. Messieurs d'Artagnan
et du Vallon, vous etes libres.
L'ordre fut aussitot execute, et d'Artagnan et Porthos se
trouverent former le centre d'un vaste cercle.
-- Maintenant, d'Herblay, dit Athos, descendez de cheval et venez.
Aramis mit pied a terre et s'approcha de Porthos, tandis qu'Athos
s'approchait de d'Artagnan. Tous quatre alors se trouverent
reunis.
-- Amis, dit Athos, regrettez-vous encore de n'avoir pas verse
notre sang?
-- Non, dit d'Artagnan, je regrette de nous voir les uns contre
les autres, nous qui avions toujours ete si bien unis, je regrette
de nous rencontrer dans deux camps opposes. Ah! rien ne nous
reussira plus.
-- Oh! mon Dieu! non, c'est fini, dit Porthos.
-- Eh bien! soyez des notres alors, dit Aramis.
-- Silence, d'Herblay, dit Athos, on ne fait point de ces
propositions-la a des hommes comme ces messieurs. S'ils sont
entres dans le parti de Mazarin, c'est que leur conscience les a
pousses de ce cote, comme la notre nous a pouss
|