e temps il ouvrit la porte et fit signe au jeune homme, qui
apparut sur le seuil.
Madame de Chevreuse ne put s'empecher de jeter un cri de joie en
apercevant un si charmant cavalier, qui depassait toutes les
esperances que son orgueil avait pu concevoir.
-- Vicomte, approchez-vous, dit Athos, madame la duchesse de
Chevreuse permet que vous lui baisiez la main.
Le jeune homme s'approcha avec son charmant sourire et, la tete
decouverte, mit un genou en terre et baisa la main de madame de
Chevreuse.
-- Monsieur le comte, dit-il en se retournant vers Athos, n'est-ce
pas pour menager ma timidite que vous m'avez dit que madame etait
la duchesse de Chevreuse, et n'est-ce pas plutot la reine?
-- Non, vicomte, dit madame de Chevreuse en lui prenant la main a
son tour, en le faisant asseoir aupres d'elle et en le regardant
avec des yeux brillants de plaisir. Non, malheureusement, je ne
suis point la reine, car si je l'etais, je ferais a l'instant meme
pour vous tout ce que vous meritez; mais, voyons, telle que je
suis, ajouta-t-elle en se retenant a peine d'appuyer ses levres
sur son front si pur, voyons, quelle carriere desirez-vous
embrasser?
Athos, debout, les regardait tous deux avec une expression
d'indicible bonheur.
-- Mais, madame, dit le jeune homme avec sa voix douce et sonore a
la fois, il me semble qu'il n'y a qu'une carriere pour un
gentilhomme, c'est celle des armes. Monsieur le comte m'a eleve
avec l'intention, je crois, de faire de moi un soldat, et il m'a
laisse esperer qu'il me presenterait a Paris a quelqu'un qui
pourrait me recommander peut-etre a M. le Prince.
-- Oui, je comprends, il va bien a un jeune soldat comme vous de
servir sous un general comme lui; mais voyons, attendez...
personnellement je suis assez mal avec lui, a cause des querelles
de madame de Montbazon, ma belle-mere, avec madame de Longueville;
mais par le prince de Marcillac... Eh! vraiment, tenez, comte,
c'est cela! M. le prince de Marcillac est un ancien ami a moi; il
recommandera notre jeune ami a madame de Longueville, laquelle lui
donnera une lettre pour son frere, M. le Prince, qui l'aime trop
tendrement pour ne pas faire a l'instant meme pour lui tout ce
qu'elle lui demandera.
-- Eh bien! voila qui va a merveille, dit le comte. Seulement,
oserai-je maintenant vous recommander la plus grande diligence?
J'ai des raisons pour desirer que le vicomte ne soit plus demain
soir a Paris.
-- Desirez-vous que l'on sach
|