it des objections; il pretendit que la constitution nouvelle,
etant approuvee avec les changemens que Brune y avait apportes, il
serait d'un mauvais effet d'y revenir encore. Il avait raison, et il
gagna meme Joubert a son avis. Mais le directoire ne devait pas souffrir
de pareilles hardiesses de la part de ses generaux, et surtout il ne
devait pas leur permettre d'exercer un pareil pouvoir dans les etats
allies. Il rappela Fouche lui-meme, qui, de cette maniere, ne passa que
peu de jours dans la Cisalpine, et il ordonna le retablissement integral
de la constitution, telle que Trouve l'avait faite au nom de la France.
Quant aux individus auxquels Brune avait arrache leur demission, on les
engagea a la renouveler, pour eviter de nouveaux changemens.
La Cisalpine resta donc constituee comme le directoire avait voulu
qu'elle le fut, sauf la destitution de quelques individus changes par
Brune. Mais ces changemens continuels, ces tiraillemens, ces luttes
de nos agens civils et militaires, etaient du plus deplorable effet,
decourageaient les nouveaux peuples affranchis, deconsideraient la
republique-mere, et prouvaient la difficulte de maintenir tous ces corps
dans leur orbite.
Les evenemens de la Cisalpine furent gravement reproches au directoire,
car il est d'usage de tout changer en griefs contre un gouvernement
qu'on attaque, et de lui faire un crime des obstacles meme qu'il
rencontre dans sa marche. La double opposition qui commencait a
reparaitre dans les conseils attaqua diversement les operations
executees en Italie. Le theme etait tout simple pour l'opposition
patriote: on avait commis un attentat, disait-elle, contre
l'independance d'une republique alliee; on avait meme commis une
infraction aux lois francaise, car la constitution cisalpine qu'on
venait d'alterer etait garantie par un traite d'alliance, et ce traite,
approuve par les conseils, ne pouvait etre enfreint par le directoire.
Quant a l'opposition constitutionnelle, ou moderee, il etait naturel de
s'attendre a son approbation plutot qu'a ses reproches, parce que les
changemens faits dans la Cisalpine etaient diriges contre les patriotes
exclusifs. Mais dans cette partie de l'opposition se trouvait Lucien
Bonaparte. Il cherchait des sujets de querelle au gouvernement, et il
croyait d'ailleurs devoir defendre l'oeuvre de son frere, attaquee par
le directoire. Il cria, comme les patriotes, que l'independance des
allies etait attaquee, que les traites etaie
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