s'etait trouvee exposee a toutes les
calomnies.
Larevelliere, par son inflexible severite, par son influence dans les
affaires politiques d'Italie, n'etait pas devenu moins odieux que
Rewbell. Cependant, sa vie etait si simple et si modeste, qu'accuser
sa probite eut ete impossible. La societe de Barras lui donnait des
ridicules. On se moquait de sa personne, et de ses pretentions a
une papaute nouvelle. On disait qu'il voulait fonder le culte de la
theophilanthropie, dont il n'etait cependant pas l'auteur. Merlin et
Treilhard, quoique moins anciens au pouvoir, et moins en vue que Rewbell
et Larevelliere, etaient cependant enveloppes dans la meme defaveur.
C'est dans cette disposition d'esprit que se firent les elections de
l'an VII, qui furent les dernieres. Les patriotes, furieux, ne voulaient
pas etre exclus cette annee, comme la precedente, du corps legislatif.
Ils s'etaient dechaines contre le systeme des scissions, et s'etaient
efforces de le fletrir d'avance. Ils y avaient assez reussi, pour qu'en
effet on n'osat plus l'employer. Dans cet etat d'agitation, ou l'on
suppose a ses adversaires tous les projets qu'on en redoute, ils
disaient que le directoire, usant, comme au 18 fructidor, des moyens
extraordinaires, allait proroger pour cinq ans les pouvoirs des deputes
actuels, et suspendre pendant tout ce temps l'exercice des droits
electoraux. Ils disaient qu'on allait faire venir des Suisses a Paris,
parce qu'on travaillait a organiser le contingent helvetique. Ils firent
grand bruit d'une circulaire aux electeurs, repandue par le commissaire
du gouvernement (prefet) aupres du departement de la Sarthe. Ce n'etait
pas une circulaire, comme nous en avons vu depuis, mais une exhortation.
On obligea le directoire a l'improuver par un message. Les elections,
faites dans ces dispositions, amenerent au corps legislatif une quantite
considerable de patriotes. On ne songea pas cette annee a les exclure du
corps legislatif, et leur election fut confirmee. Le general Jourdan,
qui avait raison d'imputer ses revers a l'inferiorite numerique de
son armee, mais qui manquait a sa raison accoutumee en imputant au
gouvernement le desir de le perdre, fut envoye de nouveau au corps
legislatif, le coeur gros de ressentimens. Augereau y fut envoye aussi,
avec un surcroit d'humeur et de turbulence.
Il fallait choisir un nouveau directeur. Le hasard ne servit pas la
republique, car, au lieu de Barras, ce fut Rewbell, le plus capab
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