vaient lieu dans la Peninsule, la chute du
royaume de Piemont etait enfin consommee. Deja, par une precaution que
les circonstances legitimaient assez, Joubert s'etait empare de la
citadelle de Turin, et l'avait armee avec l'artillerie prise dans les
arsenaux piemontais. Mais cette precaution etait fort insuffisante dans
l'etat present des choses. Le trouble regnait toujours dans le Piemont:
les republicains faisaient sans cesse de nouvelles tentatives, et
venaient meme de perdre six cents hommes, pour avoir essaye de
surprendre Alexandrie. Une mascarade sortie de la citadelle de Turin,
ou toute la cour etait representee, et qui etait a la fois l'oeuvre des
Piemontais et des officiers francais que les generaux ne pouvaient pas
toujours contenir, avait failli provoquer un combat sanglant dans
Turin meme. La cour de Piemont ne pouvait pas etre notre amie, et la
correspondance du ministre de Naples avec M. de Priocca, ministre
dirigeant de Piemont, le prouvait assez. Dans des circonstances
pareilles, la France, exposee a une nouvelle guerre, ne pouvait pas
laisser, sur ses communications des Alpes, deux partis aux prises et un
gouvernement ennemi. Elle avait, sur la cour de Piemont, le droit que
les defenseurs d'une place ont sur tous les batimens qui en genent ou
en compromettent la defense. Il fut decide qu'on forcerait le roi de
Piemont a abdiquer. On soutint les republicains, et on les aida a
s'emparer de Novarre, Alexandrie, Suze, Chivasso. On dit alors au roi
qu'il ne pouvait plus vivre dans des etats qui se revoltaient, et qui
allaient etre bientot le theatre de la guerre: on lui demanda son
abdication, en lui laissant l'ile de Sardaigne. L'abdication fut signee
le 19 frimaire (9 decembre 1798). Ainsi les deux princes les plus
puissans de l'Italie, celui de Naples et de Piemont, n'avaient plus, de
leurs etats, que deux iles. Dans les circonstances qui se preparaient,
on ne voulut pas se donner l'embarras de creer une nouvelle republique,
et en attendant le resultat de la guerre, il fut decide que le Piemont
serait provisoirement administre par la France. Il ne restait plus a
envahir en Italie que la Toscane. Une simple signification suffisait
pour l'occuper; mais on differait cette signification, et on attendait,
pour la faire, que l'Autriche se fut ouvertement declaree.
CHAPITRE XV.
ETAT DE L'ADMINISTRATION DE LA REPUBLIQUE ET DES ARMEES AU COMMENCEMENT
DE 1799.--PREPARATIFS MILITAIRES.--LEVEE DE 200 MILLE
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