hardiesse.
Le directoire envoya a Jourdan la declaration de guerre qu'il avait
obtenue des conseils[5], avec l'ordre d'attaquer sur-le-champ. Jourdan
avait debouche par les defiles de la foret Noire, dans le pays compris
entre le Danube et le lac de Constance. L'angle forme par ce fleuve et
ce lac va en s'ouvrant toujours davantage, a mesure qu'on avance en
Allemagne. Jourdan, qui voulait appuyer sa gauche au Danube, et sa
droite au lac de Constance, pour communiquer avec Massena, etait donc
oblige, a mesure qu'il s'avancait, d'etendre toujours sa ligne, et de
l'affaiblir par consequent d'une maniere dangereuse, surtout devant un
ennemi tres superieur en nombre. Il s'etait d'abord porte jusqu'a Mengen
d'un cote, et jusqu'a Marckdorf de l'autre. Mais apprenant que l'armee
du Rhin ne serait pas organisee avant le 10 germinal (30 mars), et
craignant d'etre tourne par la vallee du Necker, il crut devoir faire
un mouvement retrograde. Les ordres de son gouvernement et le succes de
Massena le deciderent a remarcher en avant. Il fit choix d'une bonne
position entre le lac de Constance et le Danube. Deux torrens, l'Ostrach
et l'Aach, partant a peu pres du meme point, et se jetant l'un dans le
Danube, l'autre dans le lac de Constance, forment une meme ligne droite,
derriere laquelle Jourdan s'etablit. Saint-Cyr, formant sa gauche, etait
a Mengen; Souham, avec le centre, a Pfullendorf; Ferino, avec la droite,
a Barendorf.
[Note 5: Cette declaration de guerre fut faite le 22 ventose an VII
(12 mars).]
D'Haupoult etait place a la reserve. Lefebvre, avec la division
d'avant-garde, etait a Ostrach. Ce point etait le plus accessible de la
ligne: place a l'origine des deux torrens, il presentait des marecages
qu'on pouvait traverser sur une longue chaussee. C'est sur ce point que
l'archiduc Charles, qui ne voulait point se laisser prevenir, resolut de
porter son principal effort. Il dirigea deux colonnes a la gauche et
a la droite des Francais contre Saint-Cyr et Ferino. Mais sa masse
principale, forte de pres de cinquante mille hommes, fut portee tout
entiere sur le point d'Ostrach, ou se trouvaient neuf mille Francais au
plus. Le combat commenca le 2 germinal (22 mars) au matin et fut des
plus acharnes. Les Francais deployerent a cette premiere rencontre
une bravoure et une opiniatrete qui exciterent l'admiration du prince
Charles lui-meme. Jourdan accourut sur ce point; mais l'etendue de sa
ligne et la nature du pays ne perme
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