avait de plus
justifie cette precaution: c'etait la Vendee, travaillee encore par
les emissaires de l'etranger, et la Hollande, menacee par les flottes
anglo-russes.
Quant au desordre de l'administration, les torts du directoire n'etaient
pas plus reels. Il y avait eu des dilapidations sans doute, mais presque
toutes au profit de ceux memes qui s'en plaignaient, et malgre les
plus grands efforts du directoire. Il y avait eu dilapidation de trois
manieres: en pillant les pays conquis; en comptant a l'etat la solde des
militaires qui avaient deserte; enfin, en faisant avec les compagnies
des marches desavantageux. Or, toutes ces dilapidations, c'etaient les
generaux et les etats-majors qui les avaient commises et qui en avaient
profite. Ils avaient pille les pays conquis, fait le profit sur la
solde et partage les profits des compagnies. On a vu que celles-ci
abandonnaient quelquefois jusqu'a quarante pour cent sur leurs
benefices, afin d'obtenir la protection des etats-majors. Scherer, vers
la fin de son ministere, s'etait brouille avec ses compagnons d'armes
pour avoir essaye de reprimer tous ces desordre. Le directoire s'etait
efforce, pour y mettre un terme, de nommer des commissions independantes
des etats-majors, et on a vu comment Championnet les avait accueillies
a Naples. Les marches desavantageux faits avec les compagnies, avaient
encore une autre cause, la situation des finances. On ne donnait aux
fournisseurs que des promesses, et alors ils se dedommageaient sur le
prix, de l'incertitude du paiement. Les credits ouverts cette
annee s'elevaient a 600 millions d'ordinaire, et a 125 millions
d'extraordinaire. Sur cette somme, le ministre avait deja ordonnance 400
millions pour depenses consommees. Il n'en etait pas rentre encore 210;
on avait fourni les 190 de surplus en delegations.
Il n'y avait donc rien d'imputable au directoire, quant aux
dilapidations. Le choix des generaux, excepte pour un seul, ne devait
pas lui etre reproche. Championnet, apres sa conduite a l'egard des
commissaires envoyes a Naples, ne pouvait pas conserver le commandement.
Macdonald le valait au moins, et etait connu par une probite severe.
Joubert, Bernadotte, n'avaient pas voulu du commandement de l'armee
d'Italie. Ils avaient designe eux-memes Scherer. C'est Barras qui avait
repousse Moreau, c'est lui seul encore qui avait voulu la nomination de
Scherer. Quant a Augereau, sa turbulence demagogique etait une raison
fondee de lui r
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