ennemis les plus acharnes, n'etait viole que pour eux.
Les revers si peu attendus qui signalerent le debut de la campagne,
l'attentat de Rastadt, produisirent l'impression la plus funeste au
directoire. Des le moment meme de la declaration de guerre, les deux
oppositions commencaient a perdre toute mesure: elles n'en garderent
plus aucune quand elles virent nos armees battues et nos ministres
assassines. Les patriotes, repousses par le systeme des scissions, les
militaires, dont on avait voulu reprimer la licence, les royalistes, se
cachant derriere ces mecontens de differente espece, tous s'armerent
a la fois des derniers evenemens pour accuser le directoire. Ils lui
adressaient les reproches les plus injustes et les plus multiplies. Les
armees, disaient-ils, avaient ete entierement abandonnees. Le directoire
avait laisse leurs rangs s'eclaircir par la desertion, et n'avait mis
aucune activite a les remplir au moyen de la conscription nouvelle. Il
avait retenu dans l'interieur un grand nombre de vieux bataillons, qui,
au lieu d'etre envoyes sur la frontiere, etaient employes a gener la
liberte des elections; et a ces armees ainsi reduites a un nombre si
disproportionne avec celui des armees ennemies, le directoire n'avait
fourni ni magasins, ni vivres, ni effets d'equipement, ni moyens de
transport, ni chevaux de remonte. Il les avait livrees a la rapacite des
administrations, qui avaient devore inutilement un revenu de six cents
millions. Enfin il avait fait, pour les commander, les plus mauvais
choix. Championnet, le vainqueur de Naples, etait dans les fers, pour
avoir voulu reprimer la rapacite des agens du gouvernement. Moreau etait
reduit au role de simple general de division. Joubert, le vainqueur du
Tyrol, Augereau, l'un des heros d'Italie, etaient sans commandement.
Scherer, au contraire, qui avait prepare toutes les defaites par son
administration, Scherer avait le commandement de l'armee d'Italie, parce
qu'il etait compatriote et ami de Rewbell. On ne s'en tenait pas la.
Il y avait d'autres noms qu'on rappelait avec amertume. L'illustre
Bonaparte, ses illustres lieutenans, Kleber, Desaix, leurs quarante
mille compagnons d'armes, vainqueurs de l'Autriche, ou etaient-ils?...
En Egypte, sur une terre lointaine, ou ils allaient perir par
l'imprudence du gouvernement, ou peut-etre par sa mechancete. Cette
entreprise, si admiree naguere, on commencait a dire maintenant que
c'etait le directoire qui l'avait imagine
|